Journal de bord du Forum politique de haut niveau 2022 - Jour 8

Publié le 18 juillet 2022


À l’International

Le Forum politique de haut niveau (FPHN) est un forum intergouvernemental annuel au cours duquel les pays examinent et rendent compte des progrès accomplis vers la réalisation des objectifs de développement durable. Le FPHN 2022 aura lieu du 5 au 15 juillet, sous le thème : Reconstruire en mieux après la maladie à coronavirus (COVID-19) tout en faisant progresser la mise en œuvre intégrale du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Les sessions officielles

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Figure 1909

Session : Présentation des Revues Nationales Volontaires de la Jamaïque, du Lesotho, de l’Italie, du Luxembourg, du Malawi, du Liberia, du Monténégro, du Sri Lanka et du Pakistan.

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Figure 1910

Pour la Jamaïque, Kamina Johnson Smith, Ministre des Affaires étrangères et du Commerce extérieur  : a mis en avant les avancées menées par le pays sur les sujets de l’emploi, de l’amélioration du ratio relatif à la dette souveraine et de l’augmentation de la protection sociale. Le plan de développement national ‘’Vision 2030 Jamaïque’’ est d’abord mis en œuvre par le biais de politiques socioéconomiques pour les trois prochaines années. Cette stratégie se doit d’être fondée sur des données probantes et sur des résultats qui orientent les processus institutionnels et favorisent les partenariats. En 2021, les Objectifs de Développement Durables étaient alignés à plus de 95 % sur Vision 2030 Jamaïque. Cependant, les risques d’insécurité alimentaire sont toujours présents avec le changement climatique, la diminution de la production agricole et une migration interne. Des défis subsistent concernant le rythme de la réduction de l’utilisation des combustibles fossiles et le flux de financement pour propulser la transition vers les énergies renouvelables. Le pays a enfin mis en avant les limites actuelles de notre réponse globale à la crise sanitaire l’obtention de vaccins provenant uniquement de pays en développement (Inde et Afrique du Sud).

Pour le Lesotho, Selibe Mochoboroane, Ministre du développement  : s’inquiète de l’impact de la crise sanitaire sur la pauvreté avec 50% de la population toujours située sous le seuil de pauvreté. Les problèmes d’éducation sont également exacerbés dans les régions rurales et le gouvernement a mis en place des méthodes digitales d’éducation accessibles à tous afin de faire face à ce défi. L’existence et l’application du système juridique dual contredisent toujours les principes d’égalité des sexes et une approche universelle des questions de genre, car le système permet la discrimination sur la base de la culture et de la tradition. Le pays est sur le point de promulguer une loi contre la violence domestique et d’harmoniser les dispositions du système par la modification des lois de Lerotholi de 1903. Plus de 65 % des communautés rurales sont plus exposées aux risques de pauvreté avec leurs moyens de subsistance basés sur l’exploitation des ressources naturelles. Or, le Lesotho perd environ 40 000 tonnes de sol par an. La situation est causée, entre autres, par la mauvaise gestion des ressources naturelles, ainsi que par le terrain et la topographie qui rendent le pays vulnérable à la dégradation des sols et à la perte de biodiversité. Pour renverser la situation, le gouvernement met en œuvre un certain nombre d’initiatives pour la restauration et la protection des zones humides ainsi que des forêts grâce à un système de gestion intégrée des bassins versants. Enfin, la feuille de route MTEF se basant sur le Cadre de Financement national Intégré des Nations unies créera un cadre de planification et de budgétisation aligné sur les ODD. Cette initiative sera accompagnée par la Stratégie Nationale de Développement de la Statistique.

Fabio Cassese, Directeur Général de de la Coopération Internationale Italienne au Ministère des Affaires Etrangères Agrandir la figure 1911
Figure 1911

Pour l’Italie, Fabio Cassese, Directeur Général de de la Coopération Internationale Italienne au Ministère des Affaires Etrangères : a présenté la révision du plan d’action ‘’NSDS SYSTEM’’. Cette révision a été le fruit d’une délibération collective et inclusive auprès de l’ensemble de la société, et a d’abord été vue comme un espace de dialogue et de participation citoyenne. Cette révision érige en priorité la décentralisation de la mise en œuvre et du suivi des ODD. 21 régions ont déjà adopté ce plan ainsi que 14 métropoles. Les vecteurs de durabilité identifiés sont l’éducation, la sensibilisation et la collaboration afin de créer des conditions propices pour transformer les modes de vie et les paradigmes sans compromettre le bien-être. Concernant la lutte contre le changement climatique, l’Italie s’est engagée à verser 1,4 milliard avec la création d’un fonds dédié pour les 5 prochaines années. Enfin, l’Italie a réaffirmé son attachement aux projets de solidarité à l’échelle européenne et mondiale, avec les zones méditerranéennes et africaines comme partenaires de développement privilégiés.

Joëlle Welfring, ministre de l'Environnement, du Climat et du Développement durable Agrandir la figure 1912
Figure 1912

Pour le Luxembourg, Joëlle Welfring, ministre de l’Environnement, du Climat et du Développement durable : s’est félicitée de la vérification systématique du bien-fondé des actes législatifs au regard des enjeux environnementaux. Le pays a réaffirmé ses objectifs de réduction de 55% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 ainsi que 30% de protection juridique des terres. En ce sens, Un Conseil citoyen (Klima-Biergerrot) a été institué, mandaté pour faire des recommandations aux parlementaires et au Gouvernement afin de mettre en œuvre le Plan national énergie-climat soumis par le Luxembourg à la Commission européenne afin que ce document théorique puisse servir de base à la vie quotidienne des gens. Ainsi, la gratuité pour l’intégralité des transports publics a été actée. Ils appellent également à la création d’un réseau transeuropéen de protection des terres. La jeune représentante de la délégation a enfin mis en avant les problématiques de santé mentale auprès des jeunes ainsi que la crise du logement comme défis important à relever à la suite de la pandémie.

Pour le Malawi, Khumbize Kandodo Chiponda, ministre de la santé : a montré que les objectifs de réduction de la pauvreté et des inégalités ne sont pas atteints. Des progrès ont cependant été réalisés sur les aspects de santé avec une meilleure lutte contre la Malaria en forte baisse dans le pays. La crise du Covid-19 a fortement ralenti les progrès réalisés dans le domaine de l’accès à l’éducation avec la fermeture des écoles ayant créé une augmentation des grossesses chez les adolescentes ainsi que des mariages de mineures. La crise a également impacté les finances publiques avec un budget basé sur des revenus domestiques en diminution avec le covid-19. Le pays cherche ainsi à améliorer le mécanisme de financement pour la mise en œuvre des ODD par le biais du ‘’Joint SDG Fund’’, qui est un mécanisme de coordination inter-agences de financement où les priorités sont fixées et les ressources mobilisées conjointement par le gouvernement, les Nations Unies et les partenaires de développement. Enfin, le braconnage ainsi que l’exportation sauvage de bois précieux sont des problématiques liées à un autre enjeu fort du pays qu’est la corruption.

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Figure 1913

Pour le Libéria, M. Samuel D. Tweah , Ministre des Finances et du Plan ; ainsi que Mme Williametta E. Saydee-Tarr, Ministre de la Condition féminine, de l’Enfance et de la Protection sociale  : ont mis en lumière un taux de pauvreté de 50% et particulièrement élevé pour les populations vulnérables avec un accès limité aux services de base tels que l’électricité, l’eau, les routes et l’assainissement. De plus, les gains réalisés ces dernières années en termes d’Indice de Développement Humain et d’espérance de vie n’ont pas été durables en raison de la crise sanitaire ainsi que de la crise énergétique et environnementale. Sur le volet économique, on a pu observer certaines améliorations avec la réduction de l’inflation (de 13,1 % à 6 %), l’augmentation de la marge de manœuvre budgétaire pour l’investissement dans les infrastructures et les programmes essentiels, la rationalisation et la consolidation des dettes publiques. Actuellement, le redressement des prix des principaux produits d’exportation, soutenu par le regain de la demande internationale, a stimulé la valeur des exportations et amélioré la balance commerciale. Une nouvelle impulsion pour la mise en œuvre des ODD semble se dessiner avec la déclaration conjointe sur le dialogue d’Action Libéria 2022, afin d’établir une plate-forme multipartite, favoriser la coopération au développement, accroître l’alignement des programmes avec les ODD et assurer le suivi et le contrôle de l’agenda par la responsabilité mutuelle.

Ana Novakovic, ministre de l’environnement (Montenegro) Agrandir la figure 1914
Figure 1914

Pour le Monténégro, Ana Novakovic, ministre de l’environnement : se réjouit de la construction, de la mise en œuvre et du suivi des Objectifs de Développement Durable par l’ensemble des parties prenantes (société civile, gouvernements locaux et national, secteur privé…). Les analyses des politiques se basent sur trois principes : la fiabilité des données, leur vérification par un auditeur externe et une contrainte d’évolution minimale de 5 années pour chaque indicateur étudié (2016-2021). Les investissements publics s’élèvent à 1,6 milliards pour l’atteinte des ODD mais des efforts doivent être poursuivis pour assurer la cohérence et la coopération des différentes politiques. Le système de recueil des données doit également être amélioré et adapté. La création du ‘’Fonds d’accélération’’ est vu comme une étape majeure avec une ‘’peers review’’ systématique afin de s’assurer de l’alignement des projets les ODD. Le Monténégro a également lancé un appel à l’ensemble des ONG afin de travailler en synergie à l’évaluation des politiques de mise en œuvre.

Pour le Sri Lanka, Mohan Pieris, Ambassadeur auprès des Nations Unies, a présenté l’interdiction récente (2020) des plastiques à usage unique afin de protéger les terres et milieux aquatiques du pays. La diversification de l’économie est un enjeu majeur que le Sri Lanka veut mettre en synergie avec l’atteinte des ODD et le développement d’une économie verte et bleu. Le rôle majeur des petites et moyennes entreprises dans le tissu industriel et comme source d’emploi a poussé le gouvernement à mettre en place un cadre législatif et économique favorable pour promouvoir les entreprises à haut potentiel. Cela s’inscrit dans la décennie du ‘’développement des compétences’’ (2021-2030). La mise en place d’une gouvernance en partenariat multi-acteurs est une priorité afin d’assurer un suivi sérieux de la mise en œuvre des ODD. La participation de 66 organisations de la société civile ainsi que la mention explicite de chacune d’entre elle dans le rapport va en ce sens et promeut également la transparence des processus. Enfin, le Sri Lanka demande une meilleure intégration au système financier international afin de faire face aux déficits jumeaux (commercial et budgétaire), ainsi qu’à l’incohérence politique et l’instabilité institutionnelle récente.

Pour le Pakistan, Ahsan Iqbal, Ministre de la planification, du développement et des initiatives spéciales : a présenté les 7 piliers du plan ‘’Vision 2023’’ lancé en 2014, auxquels se sont incorporés les différents Objectifs de Développement Durable. Par la suite, les ODD ont été adoptés comme Agenda National. Cela s’ajoute à des unités de soutien créées au sein du Conseil Economique National avec un sous-comité dédié à la mise en œuvre des ODD. Concernant l’égalité Homme Femme, le lancement du Cadre National sur l’Egalité des Sexes est un réel progrès. On note également le lancement du Cadre National de lutte contre le Changement Climatique, décliné à l’échelle locale. Enfin, un Programme d’engagement citoyen a été mis en place afin de valoriser les éco-comportements par la récompense chaque année de ‘’champions’’. Plusieurs mesures législatives pour la protection des groupes vulnérables sont en cours alliés à une ligne téléphonique d’assistance spéciale, à un niveau fédéral et provincial. Afin de pousser ces problématiques d’inégalités entre les différentes régions, 20 districts parmi les plus pauvres ont été sélectionnés pour une intervention directe à hauteur 40 milliards de roupies pour les cinq prochaines années.


Session : Présentation des Revues Nationales Volontaires du Botswana et du Cameroun.

Pour le Botswana, Madame Philda KERENG, Ministre de l’environnement, de la préservation des ressources naturelles et du tourisme, a d’abord expliqué l’impact significatif du Covid qui a aggravé des défis socio-économiques préexistants. Elle a rappelé la réponse forte de son pays face à la pandémie, comme un large programme de vaccination ou encore une politique de préservation des revenus, qui a permis au Botswana de retrouver le chemin de la reprise avec un taux de croissance de + 8,5% en 2021. Elle a aussi voulu voir cette crise comme l’opportunité de rendre l’économie du Botswana plus résiliente, par la mise en place de services de protection sociale, par la numérisation des chaines de valeur ou encore la promotion d’un esprit entrepreneurial chez les jeunes, le tout par une méthode inclusive auprès de l’ensemble des parties prenantes de la société civile et accompagné d’un mécanisme de suivi. Le Botswana a réalisé sa première revue nationale volontaire en 2017. Sur le plan éducatif, le Botswana a rendu obligatoire le suivi de dix années d’éducation primaire, mis en place des programmes de discrimination positive pour les écoliers des communautés éloignées, ainsi que des formations professionnelles pour les jeunes actifs. Sur le plan de l’égalité entre les femmes et les hommes, le Botswana a adopté plusieurs lois contre les discriminations. Cependant, il existe encore des lacunes quant au nombre de femmes en position de pouvoir et de leadership. Par exemple, seulement 11% des parlementaires sont des femmes actuellement. Les violences faites aux femmes restent également élevées. En matière de préservation de la biodiversité, le Botswana dit aller au-delà des engagements internationaux, avec 40% d’aires protégées et une stratégie nationale de préservation de la biodiversité et de gestion durable des sols. Le pays a également établi une liste d’espèces menacées qui doivent être protégées. Les principaux défis dans ce domaine concernent le braconnage, les conflits locaux, les feux, mais aussi les ressources financières manquantes pour contrôler cette grande superficie de terres.

Pour le Cameroun, Paul TASONG NJUKANG, Ministre Délégué auprès du Ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire, chargé de la Planification, a d’abord affirmé la détermination du pays à accélérer la mise en œuvre des ODD, à travers une nouvelle stratégie de développement, un suivi précis et chiffré - par une plateforme de données et l’amélioration de la production de statistiques - et une stratégie de financement, laquelle prévoit notamment d’allouer davantage de ressources aux ministères en charge du développement social. Sur le plan éducatif, le Ministre s’est vanté d’une réussite de l’école primaire de 70%, de la construction de nouvelles salles de classe et du recrutement de professeurs. Il reconnait cependant le besoin d’améliorer l’accès à l’éducation, en particulier dans les régions fragiles, et de recruter de nouveaux professeurs. L’accès des femmes à l’éducation est également un enjeu critique, tout comme leur accès à la santé reproductive. 71% des travailleurs de l’économie informelle sont des femmes, ce qui implique des inégalités économiques et sociales accrues avec les hommes. En matière de protection de la biodiversité, le gouvernement camerounais travaille à réduire les déchets dans la mer, notamment en développant l’économie circulaire et la formation des pêcheurs à la pêche responsable. Un parc national a été créé en 2020 et une politique de reforestation est en cours. Sur le plan économique, le pays ambitionne de devenir un pays industrialisé, de réduire le chômage et d’investir dans le capital humain. Le financement des ODD a pu augmenter par une meilleure performance de la taxation des revenus et une baisse de la part des exportations dans l’économie camerounaise. La coordination de l’ensemble des acteurs pour atteindre les ODD doit encore être renforcée au travers d’une approche nationale intégrée et en trouvant les financements nécessaires pour accélérer à l’échelle la mise en œuvre des ODD.


Adoption de la déclaration ministérielle : conclusion du FPHN

Thomas Lesueur, Commissaire général au développement durable Agrandir la figure 1915
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Amina J. Mohamed, Secrétaire générale adjointe des Nations Unis : « Ce FPHN a été un exercice permettant de préparer le FPHN de 2023 qui marquera un tournant dans la poursuite de l’Agenda 2030. » Agrandir la figure 1919
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M. Collen Vixen Kelapile, Président du Conseil économique et social (Ecosoc) : « Nous connaissons les défis et les solutions, nous savons quels outils et quels moyens déployer, il faut seulement qu’ils le soient de manière équitable pour réussir. » Agrandir la figure 1920
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La délégation française

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