Les plastiques sont omniprésents dans les systèmes agricoles et alimentaires modernes. Utilisés pour le paillage, les serres, les filets de protection, les emballages alimentaires ou encore les contenants de transport, ils offrent des bénéfices indéniables : augmentation des rendements, préservation des ressources, allongement de la durée de vie des produits. Toutefois, ces usages posent également des questions environnementales, sanitaires et socio-économiques majeures.
L’expertise scientifique collective menée par l’INRAE et le CNRS en 2024 à la demande de l’ADEME dresse un état des lieux précis des plastiques utilisés dans l’agriculture et l’alimentation en France. Chaque année, ce sont près de 1 million de tonnes de plastiques qui sont consommées dans ces secteurs, dont une part importante est à usage unique. La moitié est dédiée au secteur agroalimentaire, l’autre à des usages agricoles, notamment en maraîchage, viticulture ou élevage.
Les propriétés physico-chimiques des plastiques (légèreté, flexibilité, résistance) expliquent leur succès. Toutefois, leur persistance dans l’environnement, leur faible taux de recyclage effectif (environ 30 %), et la formation de microplastiques sont des préoccupations croissantes. Des fragments plastiques sont retrouvés dans les sols, les eaux, et même dans certains aliments. Leurs effets potentiels sur les écosystèmes et la santé humaine, bien que encore mal connus, justifient une vigilance accrue.
L’expertise recommande plusieurs axes d’action : mieux concevoir les plastiques pour les rendre plus recyclables ou biodégradables, renforcer les filières de collecte et de valorisation, et réduire les usages non essentiels. Elle souligne aussi l’importance d’accompagner les agriculteurs et les industriels dans la transition vers des alternatives durables, tout en continuant à documenter scientifiquement les impacts sur l’environnement et la santé.
Ainsi, l’usage des plastiques dans l’agriculture et l’alimentation, s’il reste difficile à substituer complètement à court terme, doit impérativement évoluer vers une gestion plus responsable et circulaire. C’est l’un des grands défis contemporains à la croisée de la transition écologique et de la souveraineté alimentaire.