La Paris Climate School : un laboratoire international de la transition

Dès 2026, Sciences Po ouvrira un master interdisciplinaire dédié au climat - Crédits : Sciences Po Agrandir la figure 3281

Dès 2026, Sciences Po ouvrira un master interdisciplinaire dédié au climat

Sciences Po franchit une nouvelle étape en annonçant la création de la Paris Climate School, qui ouvrira à la rentrée 2026. Face à l’urgence climatique et aux limites des réponses purement techniques, l’institution entend rapprocher sciences sociales et sciences dures afin de former des décideurs capables de concevoir et de piloter les transitions écologiques de manière globale, réaliste et innovante.

Ce projet prendra la forme d’un master interdisciplinaire de deux ans, intégralement dispensé en anglais et destiné à accueillir chaque année entre cinquante et cent étudiants venus de formations variées : bachelors de Sciences Po, écoles d’ingénieurs ou de management, établissements scientifiques français et internationaux. Le programme associera des enseignements de gouvernance, de finance durable, de droit, de sociologie, de climatologie ou encore de gestion des risques. L’objectif est de décloisonner les savoirs et d’articuler différentes expertises pour mieux répondre à la complexité des défis contemporains.

La pédagogie sera ancrée dans la pratique. La deuxième année intégrera un « laboratoire des transformations », un espace où des cas concrets issus d’entreprises ou d’institutions confrontées à des dilemmes écologiques seront travaillés collectivement pour proposer des solutions opérationnelles. Des terrains d’études viendront compléter l’expérience, en France, par exemple au Havre, comme à l’étranger, notamment dans des zones touchées par des catastrophes environnementales telles que les inondations.

L’ambition est triple : former une nouvelle génération de décideurs capables de repenser les modèles économiques, politiques et sociaux à l’aune des crises climatiques et de biodiversité ; accroître la contribution des sciences humaines et sociales à la transition, en particulier dans un contexte où elles souffrent encore d’un déficit de financements ; et offrir une formation de rang international, visible et prestigieuse, afin de renforcer la place de la France et de l’Europe dans les débats mondiaux sur le climat.

Plusieurs défis se dessinent toutefois. Le premier concerne le financement et l’accessibilité : bien que les frais soient modulés selon les ressources, ils demeurent élevés pour certains, ce qui pourrait compliquer la mixité sociale et géographique. Le deuxième tient à l’implication des partenaires, qui devront démontrer un engagement climatique sincère pour garantir la crédibilité du projet. Le troisième réside dans la capacité à construire une véritable interdisciplinarité, exigeant une coordination rigoureuse, des programmes bien conçus et des enseignants formés à cet exercice. À cela s’ajoutent les difficultés liées à la mise en place d’expériences de terrain, qui requièrent des moyens logistiques importants, et la nécessité d’assurer une crédibilité académique durable en produisant une recherche utile et des diplômés influents.

Si ces obstacles sont surmontés, la Paris Climate School pourrait s’imposer comme une référence européenne, voire mondiale, dans le champ de la formation aux transitions écologiques. Elle contribuerait à transformer la manière dont les élites politiques, économiques et administratives abordent les enjeux climatiques, tout en s’inscrivant dans la stratégie plus large de Sciences Po, qui place l’écologie au cœur de son enseignement, de sa recherche et de ses responsabilités institutionnelles depuis la création, en 2023, de son Institut pour les transformations environnementales.

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