Café-Pitchs : Les évènements du Ministère de la Transition Ecologique pendant la SEDD 2025

Les co-bénéfices sanitaires de l’adaptation et l’atténuation du changement climatique

Le premier café pitch a mis à l’honneur Léo Moutet, doctorant en sécurité sanitaire au CNAM, venu présenter ses travaux sur les co-bénéfices associés aux stratégies d’atténuation et d’adaptation. Ses recherches l’ont amené à montrer que les co-bénéfices sanitaires associés aux scénarios d’adaptation sont rapides et directement perceptibles par les populations qui se mettent en action et consentent aux changements. Un des exemples qui revient le plus souvent est l’amélioration de la qualité de l’air engendrée par une baisse effective dans émissions de gaz à effet de serre dans un lieu donné. Des bienfaits sur la santé sont également observés pendant le report modal lorsque la marche, le vélo ou les transports en commun sont privilégiés à la voiture. Cette stratégie d’adaptation réduit la sédentarité et augmente l’activité physique régulière de façon durable. Ces co-bénéfices sanitaires, au-delà d’être quantifiés en espérance de vie ou en nombre de décès évités, bénéficient également d’une évaluation économique. Ses travaux montrent que les coûts économiques de l’adoption de ces politiques d’atténuation et d’adaptation sont couverts par les bénéfices économiques associés aux co-bénéfice sanitaires.

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Figure 3306

Les travaux de Léo Moutet :

Les inégalités d’exposition aux évènements climatiques extrêmes

Le deuxième café-pitch a été l’occasion pour Mehdi Mikou, docteur en sciences économiques au CIRED, de présenter ses recherches sur les inégalités d’exposition au changement climatique au sein des pays européens. En se concentrant sur cinq aléas climatiques extrêmes (les vagues de chaleur, les vagues de froid, les inondations côtières, les inondations fluviales et les feux de forêts) Mehdi Mikou a mis en évidence les inégalités d’exposition aux évènements climatiques extrêmes entre les 20% les plus riches et les 20% les plus pauvres. Alors que les personnes plus riches vivent dans des zones moins exposées aux évènements climatiques extrêmes, les personnes plus pauvres sont davantage exposées que ces premiers, sans pour autant dépasser l’exposition moyenne du reste de la population. Il ne suffit pas de se concentrer sur les deux extrêmes pour analyser les inégalités d’exposition, un point sur lequel Mehdi Mikou a cherché à insister. Ses résultats l’ont conduit à proposer une mesure de politique publique avec la création d’une forme de sécurité sociale climatique afin de mutualiser les coûts d’exposition aux différents types d’aléa climatiques extrêmes et prémunir les potentielles victimes face à ces évènements.

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Figure 3307

Les travaux de Mehdi Mikou :

Et si on valorisait notre urine ?

Enfin, le troisième café-pitch, dans un tout autre registre, a permis aux agents de découvrir les bienfaits de la valorisation de leur urine en fertilisants agricoles. Louise Raguet, designer et membre du programme de recherche OCAPI, est venu présenter comment les excrétats humains, riches en azote, en phosphore et en potassium, peuvent remplacer les engrais chimiques et fossiles utilisés dans 90% de l‘agriculture mondiale. Aujourd’hui, le recours aux engrais azotés chimiques représente 2% des émissions de gaz à effets de serre mondiales. Actuellement, ces nutriments sont perdus dans les eaux usées. Pour limiter leur rejet en rivière, ils sont partiellement détruits en station de traitement des eaux usées, processus énergivore et dépendant de ressource fossile, en plus d’être émetteur de GES. Le traitement n’étant pas efficace à 100%, les rejets de ces stations contiennent encore 40% de l’azote provenant de notre urine, générant de fait une pollution importante dans les cours d’eau. Pour cette designer, la mise en place d’un système de gestion de nos urines et matières fécales qui soit circulaire, est un enjeu majeur à la fois pour les écosystèmes aquatiques et pour favoriser une agriculture durable et indépendante de ressources fossiles. Le programme Ocapi a réalisé l’analyse de cycle de vie (ACV) de la production d’1 kg de blé fertilisé à l’urine humaine sur un champ situé à 100km du lieu de collecte, comparé au système alimentation-excrétion linéaire actuel (uriner dans une toilette à chasse d’eau et produire 1kg de blé fertilisé avec des engrais chimiques). Cette analyse a montré que les émissions de GES du système alimentation-excrétion circulaire étaient divisées par 4. Le bilan est par ailleurs favorable sur tous les autres aspects (consommation d’eau, consommation énergétique, état des écosystèmes aquatiques, etc).

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Figure 3308

Pour aller plus loin sur le sujet :

Alors que la SEDD portait sur l’adaptation pour cette édition 2025, ces cafés-pitchs ont été l’occasion de mettre en avant des solutions en sa faveur et entamer une réflexion sur les travaux à mener en tant qu’agents et les nouvelles habitudes à adopter en tant que citoyen.