Journal de bord du Forum politique de haut niveau 2022 - Jour 4

Publié le 13 juillet 2022


À l’International

Le Forum politique de haut niveau (FPHN) est un forum intergouvernemental annuel au cours duquel les pays examinent et rendent compte des progrès accomplis vers la réalisation des objectifs de développement durable. Le FPHN 2022 aura lieu du 5 au 15 juillet, sous le thème : Reconstruire en mieux après la maladie à coronavirus (COVID-19) tout en faisant progresser la mise en œuvre intégrale du Programme de développement durable à l’horizon 2030.


Introduction : Présentation du rapport décennal relatif à la consommation et à la production écoresponsables

Les progrès sont difficiles à obtenir. Conditions à l’attention des décideurs pour les échanges commerciaux et analyse des causes de la dégradation de l’environnement. Les pays développés doivent respecter l’ODD 12 en mobilisant des financements. Il est nécessaire d’avoir une surveillance accrue des changements stratégiques et des business plans pour mieux les analyser et être en capacité de communiquer les résultats et d’en retenir les actions permettant d’atteindre les cibles de l’ODD 12. Il est nécessaire que les actions nationales soient en adéquation avec les actions internationales. Les Etats comme les entreprises doivent renforcer leurs partenariats pour l’ODD 12.

En préambule, le Département des affaires économiques et sociales des Nations-Unies a présenté les points saillants du rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre de l’ODD 15. Il en ressort que, partout, la biodiversité recule sous l’effet de la transformation des forêts en terres agricoles et que des milliers d’espèces sont menacées d’extinction. Tout aussi préoccupant, signale le rapport, la prise en compte de cette urgence reste négligée dans les dépenses consacrées au relèvement de la biodiversité.


Table-ronde Vie terrestre et biodiversité (ODD 15) Comment refaçonner concrètement la relation homme-nature et placer le développement sur une voie plus durable?

M. YUXI ZHANG, responsable de la Division de statistique du Département des affaires économiques et sociales a présenté quelques éléments de contexte issus du rapport du Secrétaire général sur l’état d’avancement des ODD, concernant spécifiquement la mise en œuvre de l’ODD15 (E/2022/55) : les zones terrestres protégées continuent de reculer, l’agriculture est la principale responsable du déboisement mondial, les surfaces des forêts en Asie, en Europe et en Amérique ont diminuées, l’Amérique latine et l’Afrique subsaharienne constatent des pertes importantes de biodiversité en raison de la transformation des forêts en terres agricoles. Ces constats appellent à une action d’importance des Etats pour lutter contre le risque d’extinction de milliers d’espèces dans les prochaines décennies.

Malgré la mobilisation des Etats et des acteurs de la société civile ces dernières années, nous ne compensons pas les pertes de biodiversité, a indiqué M. Bruno Oberlé, Directeur général de l’Union internationale pour la conservation de la nature et de ses ressources (UICN). Il est nécessaire de lutter contre l’utilisation abusive des ressources naturelles Il souhaite une plus grande inclusivité, afin que les peuples autochtones, les communautés locales et les entreprises puissent participer à relever ce défi.

Confédération des nations autochtones de l'Amazonie équatorienne, Domingo Peas : « Il faut respecter les peuples autochtones » ; « Nous devons reboiser l’Amazonie » ; « Il est important de faire participer les populations autochtones et de tenir compte de leurs connaissances traditionnelles en matière de biodiversité » Agrandir la figure 1886
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ONU - Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Europe, Olga Algayerova : « La protection de l'écosystème doit être renforcée » « Il est nécessaire que les Etats membres soient désireux de le faire » Agrandir la figure 1887
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Pour remettre l’ODD 15 sur la bonne voie, des changements sociétaux s’imposent accompagnés par une révision des politiques réglementaires, accompagnée d’une accélération des versements de fonds régionaux et internationaux, a estimé Mme Olga Algayerova. Pour elle, les gouvernements ont besoin de reconsidérer les subventions attribuées aux activités qui entraînent un recul de la biodiversité au regard de leur soutien aux obligations vertes et bleues.

M. Zéphyrin Maniratanga, Représentant permanent du Burundi : « Une attitude responsable s'impose de toute urgence pour réduire la déforestation » « Il est nécessaire de rééquilibrer notre relation avec la nature » Agrandir la figure 1888
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Il a indiqué qu’il était nécessaire de reboiser et de restaurer les paysages forestiers. Et dans le même temps, il fallait mettre en place un accompagnement des agriculteurs pour qu’ils réduisent la déforestation et des populations les plus pauvres dépendant des forêts). Il a appelé à passer d’une approche cloisonnée à une approche intégrée pour assurer la mise en œuvre du Plan stratégique des Nations Unies pour les forêts 2017-2030 et du Programme 2030.

Prise de parole de Mme Laurine Couffignal, comité 21, France Agrandir la figure 1889
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Mexique : « Il est grand temps de concevoir des mécanismes de financements additionnels en faveur de la biodiversité » Agrandir la figure 1890
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Chine : « Nous mettons en place un fonds pour la préservation de la biodiversité. » Agrandir la figure 1891
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L’Agence internationale de l’énergie atomique a indiqué que la dégradation des terres touche plus de 60% des ressources mondiales en sols. Elle travaille avec des pays du monde entier pour promouvoir l’utilisation durable des écosystèmes, gérer durablement les forêts, lutter contre la désertification et réduire la perte de biodiversité.

Mme Ajanta Dey, Directrice de programme à Nature Environnement and Wildlife Society, observe que la nature est de plus en plus exploitée et que les connaissances traditionnelles des peuples autochtones ne sont pas mobilisées suffisamment.

Mme Julie Nash, Directrice principale du programme pour l’alimentation et les forêts au sein de la société Ceres, constate que s’il était difficile, il y a cinq ans encore, de rassembler des investisseurs pour réfléchir à d’autres pratiques agricoles plus respectueuses de la biodiversité. Aujourd’hui, les investisseurs se mobilisent pour prendre en compte les problématiques de changements climatiques et d’érosion des terres. Le débat ne porte plus sur quelques espèces à protéger, mais sur la biodiversité dans son ensemble.

M. Paul Divakar Namala, organisateur du Forum mondial des communautés discriminées sur la base de leur travail et de leur ascendance, a attiré l’attention sur ces personnes qui restent exclues des espaces socioéconomiques et n’ont pas accès aux terres. Le Programme 2030 n’a pas pris en considération leurs besoins particuliers, a-t-il constaté. Pourtant, ces communautés sont essentielles pour l’ODD 15. En Afrique, la désertification entraîne des déplacements de population, en Inde, les dalits (Intouchables) travaillent des terres sans pouvoir en devenir propriétaires… Il est primordial que ces communautés aient accès aux terres pour mieux participer à leur protection.

Daniel Samuelsson, représentant de la jeunesse suédoise auprès du FPHN 2022, a souligné les messages du Rapport scientifique et jeunesse de Stockholm+50, notamment sur la nécessité de représenter formellement les jeunes dans les processus politiques, de reconnaître l’écocide comme un crime et de renforcer la justice climatique, notamment, par la mise en œuvre du principe du pollueur-payeur.

Ukraine : « L'attaque russe contre l'Ukraine est aussi une attaque contre l'environnement et constitue une menace pour la biodiversité ukrainienne » Agrandir la figure 1892
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Le groupe des travailleurs et des syndicats :
Il convient de créer des liens entre l’ODD15 et l’ODD8, en visant le bien-être économique. Cela passe par la mise en œuvre de plus d’investissements dans les transitions écologiques, la protection de l’environnement et la lutte contre la pollution plastique.


Revue nationale volontaire du TOGO Agrandir la figure 1893
Figure 1893

Le Burundi est dans un contexte de crise profonde. Son ambition est de renforcer le capital humain par l’éducation. Ont été mis en place des instituts de formations en alternance pour le développement ; des cantines scolaires et la gratuité des frais de scolarité et d’inscription. Le Burundi conduit une politique en faveur de l’égalité des sexes en promouvant des femmes et des jeunes aux postes à responsabilité (35% de femmes sont au gouvernement et le Premier ministre est une femme) en proposant une aide aux femmes enceintes (technologie pour lutter contre la pandémie). Le Burundi a également mis en place un système social unique avec une couverture santé universelle. Il existe un mécanisme digital de transfert monétaire pour venir en aide aux chômeurs. Concernant la santé et notamment la pandémie de Covid 19, le Burundi a développé une stratégie de vaccination décentralisée s’appuyant sur le digital. Le Togo est classé 2ème pays du continent africain pour la lutte contre la pandémie et 15ème au niveau mondial. Le Burundi a subi trois attaques terroristes dernièrement qui ont donné lieu à un programme spécifique d’urgence. L’Etat a pour but de mobiliser toutes les énergies pour réussir l’atteinte des objectifs Agenda 2030. Il existe un espace permanent de dialogue entre le gouvernement et la société civile. Un programme national de reboisement a été lancé en 2022 et un projet de lutte contre l’érosion du littoral est en cours de définition.

Revue nationale volontaire (RNV) de l’Uruguay : « La réalisation des ODD passe par la mobilisation et l’action de toute la société » Agrandir la figure 1894
Figure 1894

L’Uruguay présente sa 4ème RNV. La population est vaccinée à 80%. L’Uruguay est doté de plans d’aides pour les plus nécessiteux et de Fonds d’urgence. Le Pays a une longue tradition d’aides sociales depuis 1873 (loi de 1913 sur l’émancipation de la femme et loi de 1927 pour l’accès au droit de vote). L’école est laïque, gratuite et obligatoire. En 2021, des efforts ont été réalisés pour l’éducation et l’apprentissage. De nouveaux contenus éducatifs ont été développés grâce à l’informatique, mais l’enseignement à distance s’est révélé peu optimal par rapport aux cours en présentiel.
L’Uruguay a renforcé sa prise en compte du changement climatique. Le ministère de l’environnement a été créé en 2020. De nouvelles avancées ont eu lieu en matière d’énergies renouvelables avec une décarbonation complète de l’électricité. Le Pays vise la neutralité carbone en 2050. L’appui du fonds commun des nations unies pour les ODD est nécessaire et fait écho à la nécessité d’une coopération internationale et au multilatéralisme.
L’Uruguay a mis en place une commission scientifique pour analyser la situation sanitaire d’abord locale, ensuite par petits groupes de personnes (collèges, écoles primaires, maternelles). Le Plan éducation 2021 a pris en compte les problèmes relatifs à l’éducation numérique. Notre pays est en transition avec hausse de l’utilisation de l’énergie électrique pour les transports urbains et les automobiles. L’Uruguay a mis en place un plan pilote pour l’énergie verte et le soutien aux énergies renouvelables. La banque centrale uruguayenne met à disposition des aides aux financements. Une Feuille de route pour la nouvelle transition énergétique a été adoptée et celle-ci est partagée par tous les acteurs. Les priorités sont l’amélioration de l’habitat, la réduction des logements insalubres, l’éducation (à long terme) et la lutte contre le chômage. La réduction du déficit du budget de l’Etat interviendra, mais après la pandémie .

Intervention de Valérie Dumontet, Cité Unies France Agrandir la figure 1895
Figure 1895

Table-ronde : Les petits États insulaires en développement (PEID) dans la perspective de rebâtir mieux dans une situation de vulnérabilité.

1er ministre d’Antigua Barbuda M. Brown : les anciens modèles de développement ne fonctionnent plus. Certains pays sont désavantagés par les chocs extérieurs. La pandémie nous a ouvert les yeux. Il faut tenir compte de plusieurs paramètres pour un indice de développement pertinent. Avoir des données comparables et fiables. La résilience doit permettre de lutter contre la vulnérabilité à long terme.
M. Hyginus Gene Leon, Président de la Banque de développement des Caraïbes  : Le principe d’action est fondé sur la résilience, notre capacité à faire face à des chocs extérieurs. Cela comporte de multiples dimensions : environnementales, sociales et économiques. Les chocs pour les économies sont de plus en plus fréquents. Il est nécessaire d’adopter une démarche globale de développement pour avoir un accès aux financements. De nombreux pays vont être dans l’obligation de changer les paramètres de leur développement et d’inverser la tendance.

Tableau de capacité de résilience interne Agrandir la figure 1896
Figure 1896

La notion de la durée de relèvement met en exergue la situation de nombreux pays après une crise.
Mme Natalie Cohen, du Ministère des affaires étrangères et du commerce de l’Australie, membre du Groupe d’experts sur la vulnérabilité : les pays peu développés sont très touchés. Multiples crises : pandémie, dette, changement climatique... Il faut un indicateur pour mieux cerner les faiblesses. Le groupe d’experts souhaite la création d’un nouvel indice prenant en compte, non seulement, le PIB par habitant, mais aussi, les vulnérabilités, pour une meilleure allocation des ressources internationales.
M. Jose Luis Rocha, Ministre des affaires étrangères de Cabo Verde, membre du même Groupe d’experts : L’indice de vulnérabilité multidimensionnel, s’il a vocation à s’appliquer à tous les pays en développement, permettra de mieux prendre en compte la spécificité des PEID, qui sont confrontés à de nombreux chocs.
L’endettement très élevé dont souffrent ces pays sape leur résilience aux chocs, le seul critère de PIB par habitant est trop restrictif et volatile. Une nouvelle classification de pays suivant cet indice de vulnérabilité multidimensionnel permettrait une meilleure interaction avec les institutions financières internationales.

Enfin, Mme Rebecca Fabrizi, Envoyé spécial du Royaume-Uni pour les PEID, a souligné la pertinence de cet indice de vulnérabilité multidimensionnel, avant d’indiquer que le soutien de son pays aux PEID s’élève cette année à 40 millions de livres sterling.


Table-ronde

Le principe d’un indice de vulnérabilité multidimensionnel a été repris par les délégations. Cet indice, doit être simple et fiable, doit reconnaître que les PEID sont les plus vulnérables même s’il doit s’appliquer à tous les pays. »

La communauté internationale doit prendre des mesures urgentes en faveur de ces pays avec un indice de vulnérabilité multidimensionnel. Les femmes souffrent beaucoup dans ces pays, pas de mesures concrètes actuellement et violences, inégalités sont préoccupantes : il faut passer aux actes pour une transition juste, équitable, durable. Beaucoup attendent le rapport du groupe d’experts avec impatience et la mise en œuvre opérationnelle en 2023.


Side event des gouvernements locaux et régionaux

UCGL Governing Président : L’objectif est de renforcer la capacité des gouvernements locaux et régionaux à agir sur les défis portés par les ODD. Besoin de l’engagement des gouvernements locaux et des différentes parties prenantes pour atteindre les objectifs.

Municipalité de Caceres (Espagne) : Rôle des villes est très important sur l’espace public pour accélérer la mise en œuvre des ODD. Il y a un besoin de ressources nécessaires pour prouver que les villes peuvent gérer ces enjeux. Atteindre les ODD au niveau local, même pour des petites villes, c’est possible, et il faut s’appuyer dessus pour donner envie.

Président de l’association européenne des régions : la mise en œuvre de l’Agenda 2030 et des 17 ODD doit être régionalisé. Il nous faut collaborer avec différents acteurs : le secteur privé, la société civile et les échelons locaux. Il faut profiter de cette diversité d’acteurs pour réussir le défi des ODD. Il y a besoin du soutien financier des gouvernements pour aider à la mise en œuvre des ODD par les régions et les localités. Il faut qu’elles puissent prendre leurs responsabilités avec des moyens suffisants.


Réalisation de L’ODD 5

Marie de Santiago du Chili : D’énormes progrès ont été réalisé, mais il reste beaucoup à faire pour atteindre la parité. Transformation des institutions est en cours : première ville au Chili qui a institutionnalisé l’égalité entre les femmes et les hommes. Des études sur la question du genre sont en cours pour réorienter nos politiques. Il est nécessaire d’inclure tout le monde dans ce combat.

Mairie d’Amsterdam : Amsterdam vient de terminer sa revue locale volontaire. C’est un travail sur notre relation aux vivants et à la planète, sur les partenariats, et sur les liens entre les différents ODD. L’approche intégrée a été choisie pour ne pas mettre les ODD en concurrence. L’essentiel dans cette démarche est de conserver en tête : « Qualité et égalité » : socle pour un travail de partenariat.