Retours sur la Journée nationale de la qualité de l’air édition 2023 !

Depuis 2015, le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires organise, chaque année, la Journée nationale de la qualité de l’air (JNQA). L’édition 2023 a eu lieu le 14 octobre. Retour sur cette journée avec Layla MEVEL, chargée de mission au bureau de la Qualité de l’Air.

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Mieux respirer c’est ça l’idée !
Journée nationale de la qualité de l’air 9e édition - 14 octobre 2023
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Quels sont les enjeux liés à la qualité de l’air ? Pouvez-vous nous partager quelques chiffres clés ? le cadre juridique ?

Concernant la qualité de l’air, plusieurs types d’enjeux se croisent, notamment les conséquences sur la santé et sur l’environnement.
Les effets de la pollution de l’air représentent des coûts importants pour la société. La commission d’enquête du Sénat a déjà évalué le coût que peut avoir la pollution atmosphérique, soit entre 70 et 100 milliards d’euros par an, selon un rapport de 2015. Sur la santé humaine, Santé publique France estime que chaque année, près de 40 000 décès sont imputables aux particules fines.
Pour diminuer la pollution atmosphérique, il existe plusieurs cadres internationaux, européens et nationaux.
Le droit européen fixe des objectifs de réduction des émissions pour différents polluants comme l’ammoniac, ou les oxydes d’azote par le biais de la directive NEC, et ce, par rapport à 2005 et à horizon 2030.
Il existe donc des objectifs d’émissions, mais également des objectifs de concentration. Au niveau européen, deux directives (UE) 2004/107 et (UE) 2008/50 fixent les objectifs de qualité de l’air en concentration concernant plusieurs polluants.
Au niveau européen, il est aussi prévu que chaque Etat membre établisse un plan de réduction des émissions de polluants atmosphériques. Pour la France, c’est le PREPA, plan de réduction des émissions de polluants atmosphériques, qui reprend les objectifs de la directive de 2016 dite « NEC » en matière de réduction des émissions. Ce plan est multisectoriel et touche à la fois : le transport routier, le secteur résidentiel tertiaire, le secteur industriel et le secteur de l’agriculture (arrêté du 8 décembre 2022).
Sur le secteur routier, ce sont par exemple, les ZFE, zones à faible émissions ou le développement de transport alternatifs (plan vélos, forfait mobilité durable, etc.) qui sont mises en place, tandis que, pour le secteur résidentiel tertiaire, il existe notamment un plan national pour réduire les émissions de particules fines issues du chauffage au bois domestique, qui est décliné sur le territoire avec des plans locaux chauffage au bois.
La qualité de l’air s’est globalement améliorée en France au cours des dernières années, dans tous les secteurs : le secteur des transports, le secteur résidentiel, tertiaire, industriel et le secteur de l’agriculture. L’agriculture est celui pour lequel la qualité de l’air a le plus stagnée, car les variables sont compliquées à manipuler et c’est un secteur « vivant » ; néanmoins, les émissions d’ammoniac largement imputables au secteur de l’agriculture ont débuté une phase de réduction ces dernières années.

Les ZFE sont un sujet d’actualité. Quel est l’objectif ? Quels sont les critères ?

Lors de la mise en place d’une ZFE, l’EPCI à fiscalité propre, obligé par la loi réalise une étude réglementaire en amont afin de configurer au mieux sa ZFE .
L’objectif premier est de réduire la pollution atmosphérique, importante dans ces zones. Le but n’est pas forcément de réduire les émissions de gaz à effet de serre, il existe souvent une confusion entre les deux.
Aujourd’hui, douze ZFE sont mises en place dans les grandes agglomérations françaises. Dans ces zones, la circulation des véhicules les plus polluants est restreinte. En ce qui concerne les conditions relatives à l’application des ZFE, chaque agglomération décide des modalités. Les véhicules sont distingués grâce à une vignette crit’air qui permet de savoir si le véhicule peut ou non circuler dans ces zones.
Pour donner un exemple, les véhicules diesel entre le 1er janvier 1997 et le 31 décembre 2000 bénéficient d’une vignette Crit’Air 5. Chaque ZFE choisit d’interdire l’accès à ces véhicules sur certains horaires. Ainsi, à Paris, de 8h à 20h en semaine, il n’est pas possible de circuler dans la ZFE avec un véhicule de Crit’Air 5. Le week-end et en semaine avant 8h ou après 20h, cette circulation des véhicules Crit’Air 5 reste possible.

Quels sont les objectifs de la Journée nationale de la qualité de l’air ? Etes-vous partie prenante de cette actualité ? De quelle manière ?

Cet évènement est organisé par le bureau de la Qualité de l’air de la DGEC conjointement avec la DGPR, au sein du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, depuis 2015. Les principaux objectifs de cette journée sont de sensibiliser à l’importance de la qualité de l’air et de réduire la pollution atmosphérique, mais aussi d’informer les citoyens sur ce qui est fait pour améliorer la qualité de l’air, renseigner sur les politiques publiques qui permettent de réduire la pollution atmosphérique, et apprendre à connaître les principaux polluants.
Cette journée permet aussi d’impulser l’action citoyenne pour changer les pratiques : changer de véhicule, changer de mode de déplacement ou changer de mode de chauffage.
Enfin, l’objectif est d’avoir une écoute croissante, au fil des années. Cette année, l’écho a été particulièrement important, pour lequel les intervenants conviés sont à remercier.

Quelle est la plus-value de cette journée ? Vous associez-vous à des partenaires ? Quels sont les différents acteurs qui participent à cette journée ?

La plus-value de cette journée se mesure à son impact en termes de sensibilisation, de participation et d’impulsion de changements de comportements. Notre souhait est d’accroître la renommée de la Journée nationale de la qualité de l’air, de rendre cet évènement aussi populaire que la fête de la science par exemple.
La Journée nationale de la qualité de l’air est l’occasion d’organiser des évènements de sensibilisation à la qualité de l’air sur tout le territoire.
Nous travaillons depuis plusieurs années, avec la Fondation du Souffle, avec qui nous réalisons des webinaires sur la santé respiratoire. Cette année, nous avons coorganisé une conférence avec Alain Bernard, double champion olympique de natation, souffrant d’asthme d’effort, et avec le Dr. Hajouji, pneumologue à l’hôpital Bichat. Ces invités d’honneur ont permis de croiser les thèmes de la qualité de l’air, de la pratique sportive et des difficultés respiratoires.
Régulièrement, nous collaborons également avec le Laboratoire central de surveillance de la qualité de l’air, et avec les AASQA, les associations agréées de surveillance de la qualité de l’air. Celles-ci sont présentes dans chaque région et permettent de surveiller la qualité de l’air directement sur le terrain, et certaines d’entre elles organisent des évènements de sensibilisation à la qualité de l’air à l’occasion de la JNQA.
Chaque année, différents acteurs s’engagent, proposent des actions et les plébiscitent par le biais du site du ministère. Une plateforme recense tous les évènements organisés à l’occasion de la Journée nationale de la qualité de l’air, et propose une carte. Une centaine d’évènements sont enregistrés sur tout le territoire national chaque année.

Avez-vous des exemples d’acteurs mobilisés lors de cette journée ?

Les acteurs participants à cette journée sont nombreux et divers : les AASQA participent régulièrement, ainsi que certaines collectivités, associations et entreprises.
Cette année, le ministère de l’Agriculture s’est aussi mobilisé en organisant un webinaire sur les effets de l’agriculture sur la qualité de l’air, et les leviers de réduction des émissions de polluants atmosphériques de nature agricole.
Les évènements sont très centrés sur la sensibilisation ; différents formats sont possibles – webinaires, actions concrètes sur le terrain. Le public visé est spécifique en fonction des évènements.
Par exemple, en Vendée, dans la région Pays de la Loire, une activité a été organisée sur « les lichens à la loupe ». C’était un évènement à destination du public scolaire pour découvrir les lichens, des espèces souvent méconnues qui s’avèrent de véritables aspirateurs à poussière de l’air environnant. Une belle découverte pour mieux comprendre les liens entre différentes espèces et la qualité de l’air que nous respirons.

Quel lien établissez-vous entre les enjeux de la qualité de l’air et l’Agenda 2030 ?

L’air est un élément vital caractéristique des limites planétaires.
La qualité de l’air, de par la multiplicité des enjeux qu’elle touche - la santé, l’environnement... -, concerne plusieurs objectifs des 17 ODD.
Elle est plus particulièrement visée dans l’enjeu 2 : transformer les modèles de société par la sobriété carbone et l’économie des ressources naturelles pour agir en faveur du climat, de la planète et de la biodiversité.

N’hésitez pas à visiter la plateforme où sont recensés tous les évènements ayant eu lieu lors de la Journée nationale de la qualité de l’air en France en 2023 !