Enjeu 1 : Agir pour une transition juste

2.2 - À améliorer

Publié le 11 octobre 2021

Certaines inégalités économiques et sociales perdurent malgré des efforts qui ont conduit par exemple à une baisse significative du surendettement. Ces difficultés sociales impliquent de maintenir le cap vers 2030, en particulier dans les régions françaises qui révèlent de fortes disparités sur les questions d’inégalités d’emploi ou de salaire. Par ailleurs, la crise a exacerbé la situation difficile des jeunes, qu’ils soient étudiants ou moins qualifiés, aussi bien sur les plans financiers qu’en matière de santé physique ou psychique. L’accès à une alimentation saine pour tous, en particulier pour les populations défavorisées reste un enjeu essentiel.

À améliorer
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150 Kilos d’aliments gaspillés en France par an et par personne.

22 % de chômage chez les moins de 25 ans en 2020 contre 9 % de la population active.

Concernant les inégalités de revenus, l’accroissement se poursuit. En 2019, les 10 % des Français les plus riches perçoivent des revenus 6,7 fois plus élevés que les 10 % les plus pauvres et détiennent 23,8 % de l’ensemble des revenus [1]. Si les chiffres de l’Insee montrent un accroissement de 3 % du taux de croissance en niveau de vie [2] entre 2013 et 2018, ce taux en ce qui concerne les 40 % les plus pauvres est en hausse de 0,3 % seulement sur la même période [3]. Les taux de pauvreté en conditions de vie [4] se sont, cependant, améliorés entre 2012 et 2019 passant de 12,8 % à 11,1 % [5]. Un point positif à relever est la baisse du surendettement de 38 % en partie grâce aux politiques de sensibilisation. Afin de poursuivre ces efforts, la « stratégie nationale de lutte contre la pauvreté » prévoit la hausse du pouvoir d’achat en simplifiant le recours aux minima sociaux et une intégration facilitée des jeunes sur le marché du travail. En outre, un plan de 27 milliards d’euros a été mis en place pour couvrir le chômage partiel de 2020 lié à la crise sanitaire, ce qui a pu répondre aux besoins des populations protégées par un contrat de travail.

Les disparités s’expriment aussi sur le plan régional en matière de pauvreté et dessinent un paysage français contrasté. La Seine-Saint-Denis, l’Aude et les Pyrénées-Orientales affichent un taux de pauvreté élevé atteignant jusqu’à 20 %, voire 30 à 40 % en outre-mer et, a contrario, ces taux sont inférieurs à 10 % en Haute-Savoie [6], dans les Yvelines ou en Vendée . Ce sont les départements comprenant des grandes villes qui présentent les inégalités de revenus les plus marquées [7]. La crise que nous traversons laisse, cependant, présager une nouvelle attractivité pour les villes moyennes avec des migrations, depuis l’agglomération parisienne, permises par les nouvelles pratiques de télétravail. Il faudra attendre un ou deux ans pour confirmer ce mouvement et son incidence sur l’économie territoriale. Ce rééquilibrage pourrait également jouer favorablement sur l’accès au logement qui reste critique en région parisienne.

Afin de surmonter la crise économique et sociale causée par la pandémie de la Covid-19, l’UE finance, par la « facilité pour la reprise et la résilience (FRR) », les politiques de relance des États membres. Le plan de relance français, d’un montant total de 100 milliards d’euros, sera remboursé à hauteur de 40 milliards d’euros grâce à la FRR. Pour bénéficier de ce remboursement, les mesures de relance prises par la France devront notamment contribuer à l’égalité entre les femmes et les hommes et à l’égalité des chances pour tous, les orientations données par la Commission européenne pour la rédaction des plans nationaux de relance et de résilience faisant explicitement référence à l’ODD5.

La crise a également mis en évidence la situation difficile des jeunes et des étudiants. Il y a, aujourd’hui, 80 000 jeunes qui sortent du système scolaire sans diplôme. De nombreux jeunes se retrouvent isolés, dans des logements exigus, qu’ils soient étudiants ou en recherche d’emploi, sans revenus, et souvent en grande précarité financière avec d’autres fragilités. Les chiffres de 2020 communiqués par une association d’entraide étudiante indiquent que 31 % d’entre eux seraient fragilisés psychologiquement. La situation apparaît confirmée par une hausse de 40 % d’appels de détresse enregistrés en 2020 [8] et la multiplication par trois de la fréquentation des épiceries solidaires proches des campus.

Toutefois, avant la crise liée à la pandémie de la Covid-19, le nombre de jeunes sans emploi ni formation avait baissé à 10,6 % en 2019 contre 12 % en 2015 [9]. Cette évolution encourageante a été freinée, l’accès aux stages et aux emplois non qualifiés plus difficile. Le chômage des moins de 25 ans atteint 22 % en 2020 (comparé à 9 % pour toute la population active) [10] [11]. L’emploi des jeunes reste une priorité du gouvernement avec le plan « 1 jeune, 1 solution » dans le cadre du plan de relance [12] et il est envisagé la mise en place d’un filet de sécurité conditionné à un parcours d’insertion ou de formation. Parmi les pistes de réponses aux inégalités sociales, le Cese propose la création d’un revenu minimal social garanti qui se substituerait à sept des huit minima sociaux [13] dans son rapport « éradiquer la pauvreté à l’horizon de 2030 ». Ce revenu serait plus particulièrement destiné aux jeunes sans emploi et qui ne suivent pas d’études, dès 18 ans.

La pauvreté entraîne non seulement des situations de précarité alimentaire, mais aussi des situations de mauvaise nutrition et d’obésité. L’obésité constitue un problème de santé public d’ampleur et touche davantage les adolescents de milieux ouvriers (24,2 %) que les cadres (11,2 %) pour une moyenne de 18,2 % des adolescents en 2017 [14]. Ces questions d’alimentation saine concernent aujourd’hui tous les âges même si les étudiants sont particulièrement touchés depuis la crise sanitaire. On estime que 21 % des Français ne peuvent assurer trois repas équilibrés par jour [15]. L’accès aux sources de protéines et de vitamines reste lui aussi inégal [16], malgré un travail de sensibilisation mené depuis plusieurs années. Le renoncement à la consommation de protéines pour des raisons financières concernait 9,1 % des ménages en 2019 contre 7,9 % en 2011 [17]. Les banques alimentaires ont augmenté leur offre de 20 % en 2020 [18] [19] (à titre d’exemple, dans la situation en outre-mer, en Guyane, 6 000 familles ont reçu des chèques services et 290 000 enfants ont bénéficié de panier repas pour remplacer la cantine, parfois unique repas de la journée). Une meilleure gestion des invendus et des quantités proposées à la vente semble une piste intéressante dans un contexte où 20 % des aliments sont toujours gaspillés en France soit 150 kg par an et par personne selon l’Ademe [20]. L’objectif que s’est fixé la France en 2020 est de réduire le gaspillage alimentaire de 50 % d’ici 2025 [21] par rapport à 2015 [22].


[1Observatoire des inégalités, Rapport sur les inégalités en France, 2019.

[4Le taux de pauvreté en conditions de vie représente le bien-être des ménages et leur niveau de restrictions matérielles.

[10Soit + 4 points.

[12Premier ministre, Rapport sur les nouveaux indicateurs de richesse (NIR), (à paraître).

[13Cese, Avis Cese : « Les jeunes et l’avenir du travail », 2019. Ce rapport proposait que les employeurs privilégient des recrutements dans des statuts durables (CDI).

[184,7 millions de personnes bénéficiaient de l’aide alimentaire avant la pandémie.

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