ODD13 - Prendre d’urgence des mesures pour lutter contre les changements climatiques et leurs répercussions

Publié le 27 mars 2024


Le treizième objectif vise à renforcer la résilience et la capacité d’adaptation des pays face aux aléas et catastrophes climatiques avec un focus sur le renforcement des capacités des pays les moins avancés et des petits États insulaires en développement. Cette ambition se traduit à chaque échelle : via le renforcement de la coopération internationale au travers notamment de l’opérationnalisation du fonds vert ; dans l’élaboration des politiques et planifications nationales, via la sensibilisation des citoyens et la mise en place de systèmes d’alertes rapides.

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Figure 24

Présentation

Cibles

Cibles de l’ODD13*
Titre de la cibleDescriptif de la cible
Résilience et adaptation 13.1 : Renforcer, dans tous les pays, la résilience et les capacités d’adaptation face aux aléas climatiques et aux catastrophes naturelles liées au climat.
Politiques climatiques 13.2 : Incorporer des mesures relatives aux changements climatiques dans les politiques, les stratégies et la planification nationales.
Éducation et capacité d’action 13.3 : Améliorer l’éducation, la sensibilisation et les capacités individuelles et institutionnelles en ce qui concerne l’adaptation aux changements climatiques, l’atténuation de leurs effets et la réduction de leur impact et les systèmes d’alerte rapide.
Fonds vert 13.a : Mettre en œuvre l’engagement que les pays développés parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques ont pris de mobiliser ensemble auprès de multiples sources 100 milliards de dollars des États-Unis par an d’ici à 2020 pour répondre aux besoins des pays en développement en ce qui concerne les mesures concrètes d’atténuation et la transparence de leur mise en œuvre et rendre le Fonds vert pour le climat pleinement opérationnel en le dotant dans les plus brefs délais des moyens financiers nécessaires.
Renforcement des capacités 13.b : Promouvoir des mécanismes de renforcement des capacités afin que les pays les moins avancés et les petits États insulaires en développement se dotent de moyens efficaces de planification et de gestion pour faire face aux changements climatiques, l’accent étant mis notamment sur les femmes, les jeunes, la population locale et les groupes marginalisés.
* : Le système de numérotation des cibles est tel que les cibles concernant les résultats utilisent des chiffres, tandis que les cibles concernant les moyens de mise en œuvre utilisent des lettres minuscules.

Indicateurs de suivi

Les indicateurs de suivi mondial des 17 Objectifs de développement durable ne conviennent pas nécessairement à la situation et enjeux de chaque pays. Des déclinaisons ont été proposée aux échelles européenne et française.


Où en est la France ?

Enjeux domestiques

En 2022, la France a produit 0,82% des émissions de gaz à effet de serre (GES) mondiales pour une part du PIB mondial de 2,8%, ce qui la place parmi les pays les moins intensifs en émissions de GES. Ces émissions proviennent essentiellement des secteurs du transport, du résidentiel tertiaire, de l’agriculture et de l’industrie. Quant à l’empreinte carbone de la consommation des ménages, elle reste élevée compte tenu des GES issus de la production de biens importés.

Or, sans réduction drastique des émissions de GES, les coûts économiques, sociaux et environnementaux du changement climatique seront conséquents. Il est donc impératif d’agir pour limiter au maximum le changement climatique.

Pour autant, la politique d’atténuation présente des interactions fortes avec les réalités économiques, sociales et environnementales, qu’il convient d’anticiper pour réussir au mieux la transition écologique et solidaire en France.

Un avis du Conseil économique, social et environnemental (CESE) de 2015 rappelle que la mondialisation complexifie la démarche de réduction, sur le plan économique. Selon l’avis du CESE, l’effort requis pour faire diminuer les émissions en France est susceptible de pénaliser à court terme l’économie française, particulièrement certains secteurs émetteurs soumis à la concurrence mondiale si des dispositifs d’accompagnement ne sont pas mis en œuvre.

Quant à l’enjeu social de la réduction des émissions, toujours selon le CESE, il porte notamment sur l’évolution des emplois, des qualifications et l’organisation du travail. Il concerne aussi le vivre-ensemble, et la capacité de la société à répondre positivement à un défi collectif.

La France a adopté le 17 août 2015 la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte qui vise à permettre à la France de contribuer plus efficacement à la lutte contre le dérèglement climatique et de renforcer son indépendance énergétique, tout en garantissant un accès à l’énergie à des coûts compétitifs. Cette loi introduit également la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC), révisée en 2018-2019, qui fixe une trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre jusqu’à 2050 et des objectifs à court-moyen termes : les budgets carbone.

Concrètement, l’objectif de la France est d’atteindre une réduction de 50% des émissions de gaz à effet de serre en 2030, en répartissant l’effort entre les acteurs économiques et les ménages, et la neutralité carbone en 2050.

108,6 grammes de CO2 se dispersent en moyenne à chaque kilomètre réalisé par un véhicule en France en 2021 (contre 114, 2 en 2015) (Eurostat).

Enjeux internationaux

L’Agenda 2030 place le climat au cœur du développement. La température à la surface de la planète a déjà augmenté de 1,2°C par rapport aux niveaux préindustriels, et ne doit pas dépasser 2°C et si possible 1,5°C pour respecter l’Accord de Paris, entré en vigueur moins d’une année après son adoption lors de la COP21.

Sécheresses, inondations, élévation du niveau de la mer, cyclones, etc, le réchauffement climatique se fait sentir sur notre planète de manière accrue. Les conséquences néfastes du changement climatique, notamment pour le développement, sont bien connues : des îles, des littoraux et des villes côtières sont menacés de disparition, la production agricole subit déjà des pertes importantes qui menacent la sécurité alimentaire, etc. Les effets sont particulièrement visibles dans les pays en développement, qui sont aussi les plus vulnérables, avec des conséquences graves pour l’homme et l’environnement.

Ainsi le constat est clair : des décennies d’efforts passés et à venir pourraient être réduits à néant et les coûts pour répondre aux conséquences deviendraient insoutenables. Le développement durable et la lutte contre la pauvreté ne peuvent être dissociés de la lutte contre le réchauffement climatique et de la protection de l’environnement ou de la biodiversité.

L’Accord de Paris et l’ODD13 tracent la voie vers des modèles de développement résilients et basses-émissions.

6,9 milliards
d'euros
C'est le montant engagé par le groupe de l'Agence française de développement en 2022 pour des financements climats dans les pays en développement et en Outre-mer (AFD, 2024).

Chiffres clés

  • Les émissions de gaz à effet de serre (GES) ont baissé de 25,1 % entre 1990 et 2022 en France (émissions hors UTCATF) (INSEE).
  • L’empreinte carbone totale par habitant moyenne d’un Français est de 8,9 tonnes éqCO2 en 2021. (INSEE)
  • 11 947 communes font l’objet d’un plan de prévention des risques naturels approuvé en 2022. (INSEE)
  • La part des énergies renouvelables dans la consommation finale brute d’énergie en France en 2021 atteint 19,3 %. (Ministère de la transition écologique, 2022)

Actions de la France

Action de l’État

La loi Climat et Résilience du 22 août 2021, traduit une partie des 146 propositions de la Convention citoyenne pour le climat retenues par le chef de l’État, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40% d’ici 2030, dans un esprit de justice sociale. Elle établit plusieurs objectifs qui contribue directement à la mise en œuvre de l’ODD dédié à la lutte contre le changement climatique.

L’État et collectivités locales montrent l’exemple dans la réduction des émissions de GES dans le cadre des circulaires « État exemplaire » et « Administration exemplaire ». Le dispositif « Services publics écoresponsables » concerne 2,4 millions d’agents publics de l’État et les 20 mesures adoptées concernent des problématiques variées :

  • la mobilité durable des agents,
  • la suppression du plastique à usage unique,
  • une politique d’achat zéro-déforestation,
  • une alimentation plus respectueuse de l’environnement,
  • la réduction de la consommation d’énergie dans les bâtiments publics,
  • la suppression des produits phytopharmaceutiques,
  • l’économie circulaire et la maîtrise de l’empreinte carbone du numérique.

La France contribue pleinement à la lutte contre le changement climatique au niveau international.

L’action en faveur du climat et de l’environnement est naturellement une priorité de l’action extérieure de la France. Depuis la COP21 qui s’est tenue en 2015 à Paris, la France perpétue son engagement sur tous les champs de la diplomatie climatique. Elle soutient des coalitions multi-acteurs (États, collectivités locales, société civile, secteur privé) et participe à l’ensemble des discussions multilatérales sur le sujet.

La France s’est engagée à porter ses financements publics en faveur du climat dans les économies en développement de 3 milliards d’euros en 2015 à 5 milliards d’euros en 2020. Cet objectif avait été atteint et dépassé dès 2019. Depuis, elle a relevé et prolongé son engagement pris lors de la COP21, le portant à 6 milliards d’euros par an entre 2021 et 2025, dont un tiers pour l’adaptation. La France tient ses engagements : en 2022, elle a fourni 7,6 milliards d’euros de financement climat, dont 2,6 milliards d’euros pour l’adaptation.

Sur le plan multilatéral, la France contribuera à hauteur de 1,61 milliard d’euros à la deuxième reconstitution du Fonds vert pour le climat, principal fonds international de financement de la lutte contre les changements climatiques. La France a également augmenté également sa contribution au Fonds pour l’environnement mondial (FEM) de 40%, et les ressources abondées par l’État s’élèvent à 132 millions d’euros, qui s’ajoutent à la contribution française qui est de qui est de 300 millions d’euros sur la période 2022-2026.

La France contribue en outre aux fonds climatiques de la Banque mondiale, au fonds d’adaptation, au Fonds dédié aux pays les moins avancés ainsi qu’au Fonds multilatéral du Protocole de Montréal.

Pour accélérer la mobilisation de ressources financières à l’échelle mondiale, la France a organisé en juin 2023 un Sommet pour un nouveau pacte financier mondial rassemblant 120 délégations d’Etats. Le Sommet a permis de développer une vision renouvelée ambitieuse des banques multilatérales de développement, détaillée dans une déclaration soutenue par 52 pays et 11 organisations internationales.

La coalition « One Planet » est également une initiative de la France lancé lors d’un Sommet organisé en 2017 qui visait déjà à accélérer la mobilisation des ressources financières à l’échelle mondiale.

Par ailleurs, la France reconnaît la nécessité de soutenir les pays en développement dans leur transition énergétique bas-carbone et dans l’adaptation aux effets inévitables du changement climatique. Dans le cadre de l’Agenda de l’action, l’un des piliers de l’Accord de Paris, la France participe pleinement à plusieurs initiatives majeures au niveau international lancées à la COP21 sous l’impulsion française dont :

  • L’Alliance solaire internationale, dont l’objectif est de réduire massivement les coûts de l’énergie solaire dans les 121 pays situés dans la zone intertropicale ;
  • Et l’initiative Climate Risk and Early Warning Systems Initiative (CREWS), un fonds fiduciaire multi-donateurs opérationnel qui permet de renforcer les capacités des systèmes d’alertes précoces multirisques face aux évènements climatiques extrêmes, dans les pays les moins avancés et les petits États insulaires en développement.

L’Agence française de développement (AFD) s’est par ailleurs fixé l’objectif ambitieux que tous ses projets soient 100% compatible avec l’Accord de Paris. Cet engagement s’ajoute à un autre engagement déjà existant du groupe : faire en sorte que 50 % des financements annuels portent sur projets qui aient un impact direct bénéfique pour le climat. Pour aller encore plus loin dans la co-construction sur le climat avec les pays partenaires, l’AFD met en place la « Facilité 2050 », dédiée à l’élaboration des stratégies de long terme de développement bas-carbone et résilient, que tous les pays sont invités à produire d’ici 2020, selon les décisions de la COP21.

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Figure 76

Action des acteurs non-étatiques

Les scientifiques sont de véritables lanceurs d’alerte quant aux risques liés au changement climatique d’origine humaine sur l’environnement. Ces enjeux environnementaux sont pris en charge par des chercheurs et des collectifs d’experts internationaux comme Groupe d’experts intergouvernementaux sur l’évolution du climat ou la plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les écosystèmes.

En France, plus de 2 000 scientifiques travaillent au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) sur la question du climat. Conscient de l’importance des défis à venir, l’Institut écologie et environnement du CNRS a fondé sa stratégie de recherche à l’international sur les ODD et plus particulièrement sur l’ODD13.

Alternatiba est un mouvement citoyen pour le climat et la justice sociale né en 2013. Il s’est fondé sur deux constats : d’une part, le réchauffement climatique s’accélère, touche les populations les plus pauvres de la planète et menace à moyen-terme les conditions de vie sur Terre ; d’autre part, des solutions existent et sont à portée de mains : Alternatiba veut les montrer, les renforcer et les développer pour changer le système.

Les collectivités de plus de 20 000 habitants ont l’obligation d’établir un plan climat air-énergie territorial ; les entreprises de plus de 500 salariés, les établissements publics de plus de 250 salariés et les collectivités de plus de 50 000 habitants doivent quant à elles réaliser le bilan de leurs émissions de GES. Quant aux entreprises cotées, il leur est demandé de rendre compte des risques financiers liés aux effets du changement climatique et présenter les mesures prises pour les réduire.

L’initiative Science Based Targets permet aussi aux entreprises de savoir si leurs objectifs de réduction des émissions de GES sont en phase avec les trajectoires définies par l’Accord de Paris.

Dans le même esprit, l’Ademe a développé avec l’ONG anglaise Carbon Disclosure Project, la méthodologie internationale Assessing low Carbon Transition (ACT) qui vise à évaluer la stratégie climat des entreprises. ACT leur permet ainsi d’identifier leurs points d’amélioration, d’impliquer leur personnel et de valoriser auprès de leurs partenaires et investisseurs leurs efforts en matière de réduction des émissions de GES.

Depuis 2019, la ville d’Evian a initié un Contrat de performance énergétique sur les bâtiments publics. Le bâti résidentiel, industriel et tertiaire représente 85% de la consommation énergétique du territoire et 36 % des GES (1er poste d’émission).

Pour aller plus loin

Site notre environnement

Consulter les ressources liées à l’ODD13 :

Préserver la biodiversité, les milieux et les ressources

Lutter contre le changement climatique et protéger l’atmosphère

Agir pour la santé et le bien-être de toutes et tous

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