Biodiversité marine : un cadre contraignant enfin adopté au niveau mondial

Ratifié par plus de soixante États, le traité BBNJ offre pour la première fois un cadre contraignant pour protéger la biodiversité en haute mer. Cette avancée diplomatique contraste avec l’échec récent du processus sur la pollution plastique et pose la question cruciale de sa mise en œuvre concrète.

Traité sur la protection de la biodiversité en haute mer (BBNJ - (Biodiversity Beyond National Jurisdiction
Crédits : © Ocean Image Bank/Hannes Klost Agrandir la figure 3278

Traité sur la protection de la biodiversité en haute mer (BBNJ - Biodiversity Beyond National Jurisdiction)

Une page importante vient de s’écrire pour la gouvernance des océans. Le traité sur la protection de la biodiversité en haute mer (BBNJ - Biodiversity Beyond National Jurisdiction) a franchi le seuil des 60 ratifications et entrera en vigueur en janvier 2026. Pour la première fois, plus des deux tiers de l’océan mondial, longtemps demeurés hors de tout cadre contraignant, seront soumis à des règles communes : création d’aires marines protégées, partage équitable des ressources génétiques, évaluations d’impact environnemental, renforcement des capacités scientifiques et transfert de technologies. Le secrétaire général de l’ONU salue une « avancée historique pour l’océan et pour le multilatéralisme », fruit d’un patient travail diplomatique engagé depuis près de vingt ans.

Cette bascule contraste fortement avec l’échec récent des négociations sur un traité contre la pollution plastique, incapables de dépasser les clivages entre pays producteurs, exportateurs et victimes. Là où le processus plastique a révélé fractures et blocages, le BBNJ illustre qu’un compromis global est possible dès lors que les enjeux sont perçus comme universels et vitaux. Mais ce succès ne doit pas masquer les défis qui s’annoncent : financement des mesures, mise en place d’un secrétariat opérationnel, équilibre dans la participation des petits États insulaires, souvent en première ligne face à l’érosion des récifs, à la montée des eaux et à l’acidification des océans.

L’urgence est palpable. Seuls 8 % des mers sont protégés, loin de l’objectif des 30 % d’ici 2030, tandis que les vagues de chaleur marines et le blanchissement des coraux atteignent des niveaux sans précédent. En devenant juridiquement contraignant, le BBNJ crée l’outil qui manquait pour inverser la tendance. Sa mise en œuvre effective sera le véritable test : celui d’une capacité des États à traduire l’élan diplomatique en protections tangibles, dans un contexte où l’océan n’a jamais été autant sous pression.