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L’Agenda 2030 en France
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Publié le 26 novembre 2025
À l’International Appropriation et mise en œuvre des ODD
Réunie dans un contexte géopolitique et climatique assez difficile, la COP30 a mis en lumière la fragilité du multilatéralisme climatique tout en actant plusieurs progrès essentiels sur l’adaptation, la transparence et la finance. Malgré les blocages persistants sur les combustibles fossiles et la déforestation, la France a plaidé pour un relèvement des ambitions globales et une action fondée sur la science.
Illustration COP 30
Dix ans après l’Accord de Paris, la COP30 de Belém s’est tenue dans un contexte relativement tendu : tensions géopolitiques accrues, 2024 confirmée comme l’année la plus chaude jamais enregistrée, et une troisième série de CDN (contributions déterminées au niveau national) globalement insuffisante, souvent déposée tardivement et laissant plusieurs pays en retrait. Malgré un ordre du jour déjà saturé et huit propositions additionnelles, la présidence brésilienne est parvenue à lancer les négociations, notamment à travers les consultations ayant conduit à la décision « Mutirão » (effort collectif), sans toutefois parvenir à inclure des références à l’élimination des combustibles fossiles ou à la fin de la déforestation pourtant largement soutenues.
La France s’est engagée dans plusieurs coalitions internationales sur des sujets clés : lutte contre la désinformation sur le climat ; intégration de l’Océan dans les plans climatiques nationaux ; prise en compte des impacts du changement climatique dans le secteur de la santé. Elle a également fortement soutenu la création de marchés carbone exigeants, le développement des solutions fondées sur la nature et le renforcement des efforts pour réduire les émissions de méthane.. Elle a également défendu l’adoption d’indicateurs mondiaux d’adaptation, essentiels pour évaluer l’efficacité réelle des politiques climatiques. Ces indicateurs mesurent la vulnérabilité, les capacités d’adaptation et les résultats concrets pour les populations. En France, ce suivi existe déjà via le Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC-2), qui définit un cadre d’indicateurs sectoriels.
La COP30 a également été marquée par la mobilisation forte des communautés autochtones, notamment celles issues des territoires amazoniens et des peuples indiens présents à Belém. Celles-ci ont rappelé que leurs territoires figurent parmi les plus exposés aux impacts climatiques, alors même qu’ils assurent une part essentielle de la protection des forêts tropicales. Elles ont appelé à la reconnaissance pleine de leurs droits territoriaux, à la criminalisation de la déforestation illégale, et à l’arrêt de l’expansion des industries extractives sans leur consentement libre, préalable et éclairé. Elles ont également réclamé un accès direct et simplifié aux financements climat, considérant que les mécanismes actuels restent largement inadaptés aux communautés locales. Plusieurs délégations ont soutenu leurs appels, soulignant que les peuples autochtones jouent un rôle déterminant dans la préservation de la biodiversité et des puits de carbone.
La plénière de clôture a été marquée par de fortes tensions : plusieurs délégations, dont la Colombie, le Panama ou l’Uruguay, ont contesté l’adoption de décisions en raison de motions d’ordre non reconnues, déplorant notamment l’affaiblissement des travaux techniques sur l’objectif mondial d’adaptation. Le président André Corrêa do Lago a reconnu ces difficultés et renvoyé la poursuite des travaux aux sessions de juin 2026. À l’inverse, plusieurs avancées ont été adoptées sans heurts : un nouveau plan d’action en faveur de l’égalité des sexes, la création d’un mécanisme de transition juste, de nouveaux travaux sur l’alignement des flux financiers (article 2.1c), la mise à jour des informations ex ante sur les financements (article 9.5), ainsi que la conclusion de l’examen du Mécanisme international de Varsovie sur les pertes et préjudices, (Il s’agit d’un l’outil créé par la COP19 en 2013 pour aider les pays vulnérables à faire face aux pertes et préjudices causés par les impacts du changement climatique auxquels ils ne peuvent ni s’adapter ni se préparer, Il vise à améliorer les connaissances, renforcer l’assistance technique et faciliter l’accès aux financements pour répondre aux dégâts irréversibles liés au climat).
La COP a également accepté que la COP31 soit accueillie par la Turquie, en présidence partagée avec l’Australie, et que l’Éthiopie accueille en 2027 la troisième session de la CMA (Conférence des Parties agissant comme Réunion des Parties à l’Accord de Paris), une première pour un pays parmi les moins avancés.
Sur le plan national, la France a mis en avant sa planification écologique, la baisse de 26 % de ses émissions depuis 2017, une électricité décarbonée à 95 %, une stratégie d’adaptation renforcée et un soutien accru aux territoires via le Fonds vert. Elle a aussi rappelé son engagement dans les coalitions de sortie du charbon, les initiatives sur la transition du secteur pétrolier et gazier, et la protection des océans et des forêts tropicales, notamment en Amazonie.
Face aux blocages sur les combustibles fossiles et la déforestation, la présidence brésilienne a annoncé l’élaboration de deux feuilles de route dédiées, dont les résultats seront présentés à la COP31. Le bilan de Belém demeure contrasté : si les ambitions restent en deçà des attentes, les progrès sur l’adaptation, la transparence et la finance renforcent la dynamique du passage à l’action, dans la continuité de l’objectif de 300 milliards de dollars par an d’ici 2035.
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