Gouvernement
L’Agenda 2030 en France
Le site des objectifs de développement durable (ODD)
Publié le 22 juillet 2025
À l’International Appropriation et mise en œuvre des ODD
Dans un contexte mondial marqué par des crises multidimensionnelles, le segment de haut niveau du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC) et le segment ministériel du Forum politique de haut niveau (FPHN) ont rassemblé, le 21 juillet 2025, chefs d’État, ministres et représentants d’organisations internationales pour un dialogue stratégique sur l’accélération de la mise en œuvre des Objectifs de développement durable (ODD). À travers des discours engagés, des examens nationaux volontaires (ENV) et des débats parfois empreints de tensions géopolitiques, les intervenants ont réaffirmé leur attachement au multilatéralisme, tout en appelant à des réformes structurelles, notamment du système financier international, pour ne laisser aucun pays ni aucune population de côté.
Le segment de haut niveau du Conseil économique et social des Nations unies (Ecosoc) et le segment ministériel du Forum politique de haut niveau (FPHN) ont débuté par les discours liminaires de Bob Rae, président de l’Ecosoc, d’António Guterres, secrétaire général des Nations unies, et de Philémon Yang, président de l’Assemblée générale des Nations unies. Carolina Rojas a, quant à elle, relayé un message au nom du grand groupe des enfants et des jeunes. Au cours de la journée, les ministres ainsi que d’autres représentants de haut niveau issus des États membres, de groupements régionaux et d’autres parties prenantes, ont pris la parole dans le cadre du débat général. Parallèlement, les présentations consacrées aux examens nationaux volontaires (ENV) se sont poursuivies dans l’après-midi.
Dans son discours d’ouverture, Bob Rae a rappelé que le FPHN 2025 se tenait dans un contexte de « profondes perturbations mondiales ». Il a souligné que ce moment ne devait pas conduire à renoncer aux idéaux, mais à renforcer les efforts de solidarité. Évoquant l’adoption de la Charte des Nations unies à une époque de « terribles ténèbres », il a exhorté les délégués à renouer avec les engagements des membres fondateurs de l’organisation – non seulement en termes d’aspiration, mais aussi d’obligations. Il a notamment insisté sur la nécessité de lutter contre la pauvreté et les causes profondes des inégalités et des conflits, de promouvoir des niveaux de vie plus élevés partout dans le monde, de défendre la liberté pour tous sans distinction, et d’apprendre à ne plus s’ignorer ni se haïr
António Guterres , secrétaire général de l’ONU
António Guterres a salué les avancées issues de trois événements récents – l’Assemblée mondiale de la santé, la conférence des Nations unies sur les océans et la quatrième conférence internationale sur le financement du développement (FfD4) –, soulignant qu’il ne s’agissait pas de succès isolés, mais bien de preuves tangibles que « le multilatéralisme peut être efficace ». Il a appelé le FPHN 2025 à reconnaître les liens étroits entre paix et développement, condamnant avec fermeté les récents meurtres « atroces et inhumains » à Gaza. Il a plaidé pour un renforcement de la coopération internationale afin de faire progresser la paix au Moyen-Orient et dans les autres régions touchées par les conflits. Parmi les priorités pour accélérer la mise en œuvre des ODD durant les cinq années restantes, il a mis en avant :
Philémon Yang , président de l’Assemblée générale des Nations Unies
Philémon Yang a présenté les axes majeurs de l’engagement de Séville et du Pacte pour l’avenir, qui visent à revitaliser le multilatéralisme. Il a souligné que le FPHN pouvait constituer une plateforme propice à la mise en œuvre de politiques fondées sur les données scientifiques, dans un esprit de solidarité et de coopération internationale. Il a également salué les ENV comme le reflet des efforts nationaux et de l’engagement collectif des États envers les ODD. Carolina Rojas, responsable technologie du groupe majeur enfants et jeunes, a insisté sur le rôle clé de la jeunesse, notamment pour lutter contre l’oppression et le harcèlement en ligne dans un environnement dominé par les données et l’absence de consentement. Elle a également plaidé pour une meilleure inclusion des jeunes migrants dans le marché du travail. Rappelant que le développement durable repose sur une répartition équitable des ressources et du pouvoir, elle a appelé à la création de mécanismes multilatéraux pour faire face à l’endettement insoutenable, notamment par l’annulation de dettes et un soutien financier durable aux organisations locales, souvent « premières à intervenir et dernières à être rémunérées ».
Bob Rae , président de l’ECOSOC
Plus de 70 ministres et autres représentants de haut niveau – issus d’États membres, de groupements régionaux ou de groupes d’intérêt – ont pris la parole tout au long de la journée. La séance du matin a été présidée par Bob Rae, président de l’Ecosoc, tandis que celle de l’après-midi l’a été par Krzysztof Szczerski, vice-président de l’Ecosoc.
Patty Hajdu , ministre de l’Emploi et de la Famille, Canada
De nombreux intervenants, dont le Canada, le Pérou, l’Eswatini, la Bulgarie, le Kyrgyzstan, le Panama, le Malawi, le Qatar, le Honduras, l’Italie, le Portugal, le Mali, la Guinée équatoriale, Chypre, la Mauritanie, Bahreïn, le Suriname, l’Éthiopie, la république dominicaine, le Kazakhstan, la Gambie et la Zambie, ont réaffirmé leur attachement au programme 2030 et au multilatéralisme.
Darragh O’Brien , ministre du Climat, de l’Énergie et de l’Environnement, Irlande
L’Irlande a décrit l’examen en cours d’« ONU80 » comme une occasion de recentrer l’action de l’organisation sur son expertise unique et de consolider sa stabilité financière. De son côté, la Tchéquie a souligné que « lorsque les ODD prennent du retard, la prospérité, la paix et la confiance le font aussi ». Nombre d’intervenants ont soutenu ce processus, appelant à une ONU plus forte, porteuse d’espoir et catalyseur de changement dans un contexte mondial marqué par des crises de plus en plus nombreuses et interconnectées.
Petteri Orpo , Premier ministre de Finlande
L’Ouganda, la Finlande, la Communauté des Caraïbes, Palau pour l’AOSIS et d’autres ont plaidé pour une réforme du système multilatéral afin que l’ONU soit mieux à même de relever les défis actuels, notamment les conflits et l’urgence d’accélérer la mise en œuvre des ODD. La Finlande, comme plusieurs délégations, a insisté sur la nécessité pour le système multilatéral de défendre les droits humains face aux conflits en Ukraine, à Gaza ou au Soudan, en conformité avec la Charte des Nations unies.
Robinah Nabbanja , Premier ministre de l’Ouganda
La Fédération de Russie s’est déclarée alignée avec le « groupe des amis de l’initiative mondiale pour le développement », appelant à un programme post-2030 réaliste. L’Uruguay a exprimé l’espoir que le FPHN 2025 réaffirme l’importance du multilatéralisme à travers l’adoption consensuelle de la déclaration ministérielle. L’Indonésie, en lien avec le Sommet de l’avenir de 2024, a proposé quatre actions concrètes pour restaurer la confiance dans le multilatéralisme : renforcer l’inclusion sociale sans laisser personne de côté ; promouvoir des solutions novatrices comme l’économie bleue et la transformation numérique au service des petites entreprises ; améliorer le partage des savoirs ; et agir d’urgence dans une dynamique de synergie. Au nom des petits États insulaires en développement du Pacifique, Tuvalu a mis en avant le leadership des « grands États océaniques » et plaidé pour une coopération internationale renforcée face aux défis systémiques. Il a notamment mentionné l’opérationnalisation de l’indice de pauvreté multidimensionnelle et du fonds pour les pertes et dommages.
Tomáš Taraba , vice-Premier ministre de Slovaquie
La Slovaquie, la Turquie et d’autres pays ont salué la tenue prochaine du deuxième sommet mondial pour le développement social, y voyant une occasion d’accélérer un développement plus inclusif. S’agissant de la réforme du système financier mondial, plusieurs intervenants dont le Pakistan, l’Irak, le Congo, le Népal (au nom des pays les moins avancés), la Sierra Leone, les Philippines (pour l’ASEAN) et le Honduras ont appelé à une mise en œuvre rapide de l’engagement de Séville adopté à la FfD4. L’Irak, au nom du groupe des 77 (G77) et de la Chine, a insisté sur la reconnaissance des aspirations de développement des pays du Sud. Saint-Kitts-et-Nevis, pour la Communauté des Caraïbes (Caricom), a plaidé pour un financement des océans au profit des PEID, ainsi qu’une action coordonnée pour l’égalité des genres. Le Kenya a insisté sur l’importance d’un soutien financier et non financier pour faire avancer les ODD.
Muhammad Ishaq Dar , vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Pakistan
L’Italie, l’Espagne, le Portugal et l’Allemagne, parmi d’autres pays, ont souligné leurs efforts pour réorienter leur aide au développement conformément à l’engagement de Séville. Le Portugal a mis en avant son appui technique dans les domaines de la gouvernance océanique, de la transformation numérique et de l’espace extra-atmosphérique. L’Espagne, pour sa part, a réaffirmé son soutien aux contributions volontaires au fonds commun pour les ODD. Le Lesotho a rappelé l’importance d’un financement ciblé pour renforcer la réduction des risques de catastrophe. Le Koweït, au nom du Conseil de coopération du Golfe, a salué les pays en développement pour leur engagement à renforcer les partenariats équitables, citant notamment l’exemple du Qatar. La Chine a présenté le travail du groupe des 83 membres des amis de l’initiative mondiale pour le développement, appelant les pays développés à respecter leurs engagements en matière d’aide publique au développement et de financement climatique. La Biélorussie, au nom de l’Union économique eurasiatique, a expliqué comment l’intégration régionale peut accélérer la mise en œuvre des ODD. L’ensemble des déclarations nationales ont mis en avant des réussites concrètes autour des cinq ODD prioritaires du FPHN 2025, illustrant des avancées telles que :
FPHN 2025 - Les présentations VNR se poursuivent tout au long de l’après-midi
Maris Sangiampongsa , ministre des Affaires étrangères, Thaïlande
Maris Sangiampongsa, ministre des affaires étrangères, accompagné d’autres intervenants, a présenté le troisième ENV de son pays. Il a mis en avant l’approche locale et multipartite adoptée, ainsi que les efforts déployés pour améliorer les capacités de collecte de données sur les ODD. Il a identifié plusieurs défis clés, notamment l’utilisation optimale des technologies, le financement et la territorialisation des ODD. Il a également souligné les avancées significatives sur les ODD 12 (consommation et production durables), 5 (égalité des sexes) et 10 (réduction des inégalités), tout en reconnaissant la nécessité d’intensifier les efforts pour les ODD 15 (vie terrestre), 8 (travail décent et croissance économique) et 17 (partenariats). Les intervenants ont partagé les leçons tirées de la décentralisation des connaissances, du rapprochement entre le monde académique et les autres acteurs, et ont insisté sur l’importance de la participation active de la société civile.
La RNV de la Thaïlande souligne ses progrès dans la réalisation des ODD
Francisco Martínez , spécialiste de la coordination technique, Conseil national du développement durable, El Salvador
Francisco Martínez, spécialiste de la coordination technique au sein du Conseil national pour le développement durable, a présenté le troisième ENV du Salvador. Il a mis en avant les progrès en matière de sécurité, de croissance économique, d’inclusion sociale et de renforcement institutionnel. Il a indiqué que 65 % des 22 cibles prioritaires affichaient une trajectoire positive, 23 % nécessitaient des efforts accrus, et que certaines restaient limitées par l’absence de données. Il a souligné la baisse historique des taux d’homicides et l’adoption de lois innovantes en faveur des secteurs de haute technologie, générant des emplois de qualité. Il a réaffirmé l’engagement du Salvador à renforcer le suivi des ODD, la gouvernance publique et la participation multisectorielle.
La RNV du Salvador souligne les progrès réalisés dans la transition vers les énergies renouvelables
Francine Pace Caruana , Directrice du développement durable, Ministère de l’environnement, de l’énergie et de la propreté publique, Malte
Francine Pace Caruana, directrice du développement durable au ministère de l’environnement, de l’énergie et de la propreté publique, a présenté le deuxième ENV de Malte. Elle a exposé la vision stratégique du pays à l’horizon 2050, centrée sur une économie neutre en carbone, un développement urbain et un patrimoine culturel durables, la santé, le bien-être, la transformation numérique et l’équité sociale. Elle a mis en avant des progrès tels que la réduction de la pauvreté, l’amélioration des soins de santé, la baisse du chômage, les avancées en matière d’égalité des sexes et des droits LGBTQI, la conservation marine et le renforcement des données pour le suivi des politiques publiques. Les priorités actuelles de Malte visent notamment à renforcer les capacités statistiques, à élargir l’engagement des parties prenantes et à promouvoir une transformation numérique inclusive.
La RNV de Malte met en évidence ses cinq objectifs stratégiques pour atteindre les ODD
Asad Awawdeh , État de Palestine
Interrogée par Antigua-et-Barbuda, l’Irlande, le groupe d’acteurs des personnes âgées, les Philippines et la Palestine, F.P Caruana a souligné la nécessité de renforcer le cadre existant, d’assurer la transparence et la redevabilité, et de consolider les capacités des institutions publiques. Elle a mis en avant l’approche pangouvernementale et pansociétale de Malte, les efforts de cartographie des parties prenantes, et l’implication des organisations de la société civile (OSC) à travers des enquêtes. Elle a également évoqué les initiatives pour favoriser l’inclusion interculturelle, l’intégration linguistique et la lutte contre le racisme, tout en réaffirmant l’importance d’un partenariat renforcé avec les jeunes.
Petr Kulhánek, ministre du développement régional de la république tchèque, a présenté le deuxième ENV de son pays. Il a mis en avant les avancées en matière de décarbonation, de transformation numérique, d’énergies renouvelables, d’agriculture durable, ainsi que l’implication active des personnes âgées. Il a toutefois souligné les défis persistants liés à l’inclusion des groupes marginalisés. Il a précisé que la Tchéquie menait de front deux transitions : une transition verte et une transition numérique, tout en donnant la priorité à l’adaptation au changement climatique. Il a également évoqué l’accueil de réfugiés ukrainiens, les efforts pour intégrer les élèves ukrainiens, et l’engagement du pays en faveur de la paix, de la démocratie, des droits humains et de l’état de droit.
Ano Pala , ministre de la Planification nationale, Papouasie-Nouvelle-Guinée
Ano Pala, ministre de la planification nationale, a présenté le deuxième ENV de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, mettant en avant les progrès en matière de santé, d’éducation, de réduction de la pauvreté et d’investissement dans les infrastructures. Il a toutefois reconnu que des efforts supplémentaires étaient nécessaires, en particulier concernant l’égalité des sexes dans les zones rurales et la prévention des violences fondées sur le genre. Il a évoqué l’objectif du pays de doubler la taille de son économie tout en garantissant des bénéfices inclusifs, afin que personne ne soit laissé pour compte. Il a appelé à des partenariats de développement plus solides, qui renforcent également le leadership national en matière de planification. Il a enfin souligné l’importance des investissements dans la collecte de données et les infrastructures, pour permettre un suivi à plusieurs niveaux et une coopération accrue.
Le VNR de Papouasie-Nouvelle-Guinée met en lumière le travail qu’il accomplit pour promouvoir une agriculture durable afin de soutenir les efforts des ODD.
Rami Rozen , directeur général, ministère de la Protection de l’environnement, Israël
Rami Rozen, directeur général du ministère de la protection de l’environnement, a présenté le deuxième ENV d’Israël. Il s’est appuyé sur plusieurs études de cas portant notamment sur : les soins de santé universels et numérisés ; la protection des enfants et des jeunes contre le cyberharcèlement ; les technologies de dessalement et la gestion durable de l’eau ; les constructions écologiques dans les municipalités ; l’adaptation au changement climatique ; la protection des écosystèmes marins ; et les partenariats internationaux autour des technologies durables. Rozen a évoqué les « profonds défis » posés par les attentats d’octobre 2023 et les récents bombardements iraniens, mais a affirmé que son pays restait engagé en faveur des ODD et d’un monde plus juste et inclusif.
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