Enjeu 4 : Agir pour la santé et le bien-être de toutes et tous

2.2 - À améliorer

Publié le 11 octobre 2021

Toutefois, la plupart de ces indicateurs encourageants sont à nuancer. La France est un pays traversé par des inégalités socio- économiques qui ont des répercussions sur les milieux de vie (habitat, transport, conditions de travail, soutien social), sur la santé mentale et sur le niveau d’éducation sanitaire et alimentaire. Des ressources faibles et un retard d’accès à l’information peuvent entraîner des comportements dommageables pour la santé qui continuent de creuser les inégalités. Bien que le système de santé français soit universel, les taux importants de non-recours aux soins viennent diminuer son efficacité. Ce phénomène peut s’expliquer par une mauvaise réception des informations, la complexité d’accès aux aides ainsi que l’effet stigmatisant du recours à l’aide ressenti par certains. Aussi, la France reconnaît également des inégalités territoriales en matière d’offre des services de santé requis pour atteindre l’objectif de « bonne santé ». Enfin, les pollutions environnementales peuvent être concentrées dans des régions spécifiques et réparties de manière disparate.

À améliorer
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Taux de non recours aux aides sociales (alors que les personnes pourraient en bénéficier) :

  • 60% couverture maladie universelle complémentaire
  • 50% aide alimentaire
  • 30% complémentaire santé solidaire

En 2018, 1/5 e des Français rencontre des difficultés pour se procurer une alimentation saine leur permettant d’assurer trois repas par jour.

Si en France, la couverture santé est universelle en théorie, le taux de non-recours aux prestations sociales est important : 30 % pour la complémentaire santé solidaire et 60 % pour la couverture maladie universelle complémentaire. Ces aides permettent aux personnes ayant les revenus les plus faibles de bénéficier d’une couverture santé quasiment gratuite (selon les ressources du foyer) et remboursant la grande majorité des frais médicaux (médecin, dentiste, infirmier, hôpital, médicaments, etc.). Pour simplifier ces démarches essentielles pour la bonne santé des Français les plus démunis, l’État a fusionné les deux aides en une seule aide complémentaire santé.

Les mêmes inégalités s’observent face au non-recours à l’aide alimentaire (voir infra). Il est estimé qu’elle devrait concerner environ 5,5 millions de personnes en France. Pourtant, cette démarche, souvent complexe et méconnue, peut-être perçue comme stigmatisante. Seules 2 millions de personnes en bénéficient effectivement [1]. Pour lutter contre le non-recours, l’État expérimente depuis 2018 [2] des méthodes de datamining [3] pour cibler et contacter des allocataires potentiellement éligibles à certains droits.

Ainsi, la précarité alimentaire reste une réalité en France. Cette précarité alimentaire touche particulièrement les jeunes et les populations d’outre-mer. Selon le Baromètre de la pauvreté, en 2018, 21 % des Français estiment rencontrer des difficultés pour se procurer une alimentation saine leur permettant d’assurer trois repas par jour. Il s’agit même de près d’une personne sur deux (48 %) pour les personnes dont le revenu net du foyer est inférieur à 1 200 euros par mois [4].

Depuis 2018, la loi Egalim [5] mobilise les acteurs capables de venir en aide aux populations en état de précarité alimentaire, à travers le recours à l’aide alimentaire ou encore aux épiceries sociales et solidaires. En 2019, l’aide alimentaire était déjà en capacité de nourrir 2 millions de personnes.

La crise sanitaire liée à la Covid-19 a accentué les besoins en aide alimentaire à une échelle inconnue jusqu’ici, en particulier pour les ménages précaires ou en milieu étudiant mais ceci relève davantage d’une situation conjoncturelle liée à la crise que d’un état structurel de la France.

Le manque d’informations, d’accès à l’éducation pour des raisons économiques et/ou de temps (cumul d’emplois, heures supplémentaires, horaires décalés, migrations pendulaires importantes, famille nombreuse), creuse d’autres inégalités de santé. Selon les groupes sociaux, la France reste encore très touchée par le tabagisme et l’alcool. Ces habitudes en baisse demeurent à un niveau supérieur à la moyenne européenne. L’obésité est également en augmentation, notamment chez les jeunes en métropole et en outre-mer, comme au niveau international où le phénomène est en hausse, concernant un quart des populations de pays à revenus élevés [6].

Le manque d’accès à l’information et à l’éducation alimentaire ainsi qu’un manque de moyens financiers peuvent expliquer un plus fort taux de personnes en surpoids/obèse ou de conduites à risque (tabac, alcool) parmi les populations les plus défavorisées. En 2017, les enfants d’ouvriers, en troisième, ont 25 % de risque de plus que l’ensemble de la population d’être atteints de surpoids ou d’obésité [7]. En comparaison avec les enfants de cadres et professions intellectuelles supérieures, la différence s’élève à environ 53 % [8]. On observe plus d’habitudes de vie défavorables à la santé dans les populations les moins favorisées et ceci a un impact direct sur leur espérance de vie. Entre 2012 et 2016, parmi les 5 % les plus aisés, dont le niveau de vie moyen est de 5 800 euros par mois, l’espérance de vie à la naissance des hommes est de 84,4 ans. Parmi les 5 % les moins aisés, dont le niveau de vie moyen est d’environ 500 euros, l’espérance de vie à la naissance des hommes est de 71,7 ans [9]. Pour lutter contre ces disparités, la stratégie de l’État pour la santé « Ma santé 2022 » engagée en 2019 mise notamment sur la prévention, tout comme le programme national nutrition santé, cité ci-avant, et le programme national pour l’alimentation (PNA 2019 - 2023) englobent des projets d’éducation alimentaire.

Les inégalités d’accès aux soins en France sont également fortement liées à une inégale répartition des services de santé sur le territoire. Comme indiqué dans l’enjeu 1, même si les politiques publiques actuelles mesurent l’importance du problème et laissent espérer une amélioration, le constat des « déserts médicaux » est fait dans certaines régions, où le nombre de médecins baisse fortement et n’est plus suffisant pour répondre aux besoins de la population. Ces déserts sont souvent situés dans des zones où vivent les populations les plus précaires (quartiers définis comme prioritaires et zones rurales), aggravant les inégalités de santé déjà évoquées. Le Plan « Ma santé 2022 » propose différents moyens pour pallier ce problème en créant des incitations pour les médecins à s’installer dans ces régions spécifiques, en créant des CPTS (communautés professionnelles territoriales de santé). Il a également pour objectif de relever les défis structuraux du système de santé pour les 50 années à venir, de doubler les centres de santé à l’horizon 2022, de repenser l’offre de soins de proximité et de généraliser la mutualisation de communautés professionnelles de santé.

Aux côtés des centres de santé et hôpitaux, ces dernières regroupent des professionnels qui s’associent pour répondre aux besoins de santé et assurer des missions de proximité dans les territoires. Depuis la crise sanitaire, la télémédecine est également encouragée pour renforcer l’accessibilité des soins pour tous. Toutefois, les inégalités d’accès aux soins restent prégnantes en outre-mer avec un manque de médecins spécialistes, une mortalité infantile double de celle de la métropole et des taux de contamination au sida dix fois supérieurs.

L’accès à un environnement sain est hétérogène en France. La pollution de l’air en France se concentre dans certaines parties du territoire, notamment autour des centres urbains, dans des zones très industrialisées (Fos-sur-Mer, Dunkerque, Lyon...) et dans certaines vallées alpines (la vallée de l’Arve...). Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la pollution de l’air est le principal risque environnemental pour la santé dans le monde. Ainsi, l’exposition à la pollution de l’air extérieur conduit chaque année au décès d’environ 4,2 millions de personnes dans le monde.

L’établissement Santé publique France estime que la pollution par les particules fines (« PM2,5 », de taille inférieure à 2,5 micromètres) émises par les activités humaines est à l’origine, chaque année, en France continentale, de 40 000 décès prématurés par an, ce qui correspond à 9 % de la mortalité en France. Si toutes les agglomérations françaises respectaient la valeur recommandée par l’OMS pour les PM2,5 (10µg/m3), ce sont plus de 17 000 décès qui pourraient être évités chaque année en France, selon la même source. En termes d’impact économique, la Commission d’enquête sur le coût économique et financier de la pollution de l’air du Sénat estime que le coût total de la pollution de l’air (extérieur et intérieur) s’établit entre 68 et 97 milliards d’euros par an pour la France, dont une très large part est liée aux impacts sanitaires [10]. Les centres urbains français principaux continuent de présenter des dépassements des seuils réglementaires de « qualité de l’air pour la protection de la santé humaine à long terme » (pour les niveaux de particules dits PM10, pour le dioxyde d’azote (NO2) et l’ozone (O3), en 2018). Ils sont toutefois au plus bas depuis les années 2000 (37 agglomérations étaient concernées contre 9 en 2019) [11] [12] . La pollution de l’air des zones rurales au moment des épandages agricoles a également un impact sanitaire pour les agriculteurs et les riverains.


[3Processus d’analyse de volumes massifs de données sous différents angles afin d’identifier des relations entre les data et de les transformer en informations exploitables.

[4Ipsos, Secours Populaire, Baromètre de la pauvreté 2018 : Focus sur la précarité alimentaire, 2018.

[12Insee, Indicateurs pour le suivi national des objectifs de développement durable, 2021 (ODD 11 : « particules (PM10) dans les villes ») : concentration moyenne annuelle des particules (PM10) en fond urbain : 16 μg/m³ : -15,8 % sur 2014-2019.

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