Enjeu 1 : Agir pour une transition juste

Agir pour une transition juste, en luttant contre toutes les discriminations et inégalités et en garantissant les mêmes droits, opportunités et libertés à toutes et à tous

Enjeu 1 - 2.3 Défis à relever

Publié le 23 juin 2023

La lutte contre la pauvreté reste l’enjeu prioritaire pour atteindre une société plus solidaire et « qui ne laisse personne de côté ». Malgré des progrès importants sur certaines thématiques ces dernières années comme évoqué précédemment, les conditions de vie ont été, en particulier pour les plus démunis, dégradées en conséquence de la pandémie et de la hausse du coût de la vie. L’action doit se poursuivre, en ligne avec les aides déjà mises en place par l’État.

Ce chapitre présente les effets induits par la pandémie et les points d’attention qui subsistent pour aider les personnes les plus fragiles à traverser la situation de crise, tels que : le soutien à l’emploi, l’accès à un logement décent pour tous, l’aide au maintien du pouvoir d’achat dans un contexte de crise économique, l’accompagnement des victimes et des familles dans les tensions intergénérationnelles qui ont été exacerbées par la crise sanitaire et dans les violences faites aux femmes.

Priorité 1.1 - Ne laisser personne de côté, et assurer l’accès aux droits fondamentaux et services essentiels à chacun

Une priorité d’action vise à améliorer les situations difficiles rencontrées par les jeunes et les étudiants et mises en évidence par la crise sanitaire.

Certains ont pu se retrouver isolés, dans des logements exigus, qu’ils soient étudiants ou en recherche d’emploi, sans revenus, et souvent en grande précarité financière avec d’autres fragilités. Les chiffres de 2020 communiqués par une association d’entraide étudiante indiquent que 31 % d’entre eux se trouvaient alors fragilisés psychologiquement. La situation apparaît confirmée par une hausse de 40 % d’appels de détresse enregistrés en 2020 [1] et la multiplication par trois de la fréquentation des épiceries solidaires proches des campus.

L’État a dans ce sens renforcé drastiquement sa mobilisation sur la santé mentale des étudiants en mobilisant conjointement de nombreuses actions pour améliorer la prévention, le soin, et les secours en santé mentale : le dispositif Santé psy étudiant a été mis en place en mars 2021. Il permet aux étudiants de bénéficier jusqu’à huit séances chez un psychologue sans avance de frais, grâce à la mobilisation de plus de 1 200 psychologues, partout sur le territoire national. Plus de 147 000 consultations ont été assurées dans ce cadre [2].

À noter que les tensions intergénérationnelles ont également été un sujet nouveau sur l’agenda lors de la pandémie. Comme le relevait le Haut-commissariat au plan, le virus a affecté plus durement les personnes âgées et les a contraints d’une part, à un isolement qui pesait psychologiquement, et d’autre part à repousser des soins considérés comme moins prioritaires. Les jeunes, moins touchés par les manifestations graves du virus, ont pu se sentir contraints de sacrifier plusieurs années au profit des populations plus à risque. La crise de la Covid-19 a également aggravé les inégalités face à la maladie avec une mortalité plus élevée chez les personnes en situation de précarité [3]. Les chiffres de l’Insee rapportaient 668 800 décès en 2020, soit 55 500 de plus qu’en 2019 avec un impact inégal sur les territoires. Ces chiffres ont diminué par la suite : 660 136 décès sont survenus en 2021. Outre les épisodes de mortalité liés à la pandémie de Covid-19, le nombre de décès augmente tendanciellement depuis une dizaine d’années en raison de l’accroissement et du vieillissement de la population.

En matière de logement, plus de 65 % de la population est éligible au logement social en France, étant entendu qu’une partie d’entre eux est propriétaire de leur logement. L’objectif est pour l’État de loger des personnes ou des familles qui ont des ressources trop faibles pour le faire dans le parc privé. La politique en matière de logement social vise également à favoriser la mixité sociale dans les quartiers et à réduire les inégalités territoriales. Enfin, elle participe au logement ou au relogement de personnes en situation d’hébergement ou de grande précarité. Les organismes HLM, en contrepartie d’aides publiques directes et indirectes, construisent et gèrent des logements sociaux pour des publics ayant des ressources inférieures à des plafonds et appliquent des loyers plafonnés. Chaque année, l’État détermine les niveaux de ressources et les niveaux de loyers en HLM. Au titre de la mixité sociale, les communes ont également des obligations de construction de logements sociaux, selon leur taille et le niveau de tension du marché locatif.

Il faut noter également la problématique de la précarité énergétique [4], en métropole et en outre-mer – dont les besoins portent sur le rafraîchissement, qui est particulièrement saillante, encore plus dans un contexte inflationniste. La précarité énergétique touchait déjà en 2020 10,5 % de la population française soit 3 millions de ménages [5]. En 2021, c’est pour 84 % des Français que la consommation d’énergie est un sujet de préoccupation majeur selon le président de l’Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE), une préoccupation qui est par ailleurs la plus importante chez les 18‑34 ans. Une enquête réalisée par l’ONPE [6] sur des ménages en situation de précarité énergétique montre que les problématiques rencontrées par ces ménages sont à la croisée à la fois de revenus modestes voire instables/déséquilibrés, et de logements énergivores sur le plan de leur état thermique. La rénovation lourde des logements est alors avancée comme le principal levier pour sortir les ménages de la précarité énergétique. Le dispositif MaPrimeRénov’ ouvert depuis le 1er janvier 2020 est devenu la principale aide de l’État à la rénovation énergétique. Le dispositif est renforcé en 2023 [7].

Priorité 1.2 - Faire de la lutte contre les discriminations, notamment, femmes/hommes, une priorité des sphères publiques et privées

Outre les difficultés psychologiques, des actions ont été prises sur la formation et l’insertion des jeunes sur le marché du travail. En 2019, parmi les sortants de formation initiale, 5 % encore n’avaient aucun diplôme, soit 36 000 jeunes [8] [9]. La situation antérieure à la crise liée à la pandémie de la Covid-19 montrait cependant une dynamique positive puisque la proportion de jeunes de 15 à 24 ans ne travaillant pas et ne suivant ni études ni formation avait baissé à 11,4 % en 2020 contre 12 % en 2015 [10]. L’emploi des jeunes reste une priorité du gouvernement, notamment avec le plan « 1 jeune, 1 solution » déployé dans le cadre du plan de relance. Entre mi-2020 et mi‑2021, 1,8 millions d’entrées ont été comptabilisées sur ce dispositif, une hausse de 41 % sur un an [11]. L’État mise aussi sur la refonte des dispositifs d’accompagnement vers l’emploi des jeunes permise par le Contrat d’Engagement Jeune [12], avec l’objectif d’atteindre 400 000 bénéficiaires dès 2022 [13].

Le taux d’emploi des jeunes reprend sa progression après avoir conjoncturellement baissé au second trimestre 2020, perdant 1,7 point. Mi-2021, le taux d’emploi rattrape celui observé au premier trimestre 2020, et atteint au troisième trimestre 2022 le plus haut taux depuis que l’Insee le mesure (1975).

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Violences conjugales : + 21 % en 2021 soit 208 000 victimes

Les mesures de distanciation prises pour faire face à la crise sanitaire ont augmenté les tensions familiales [14] dont les violences faites aux femmes, exacerbées par le confinement et les pertes d’activité conjoncturelles. À la sortie de la crise sanitaire en 2021, 208 000 victimes de violences commises par leur partenaire ou ex-partenaire ont été enregistrées par les services de sécurité, soit une augmentation de 21 % par rapport à 2020, dans un contexte de libération de la parole et d’amélioration des conditions d’accueil des victimes par les services de police et de gendarmerie [15]. Pour un quart d’entre elles, les faits signalés étaient d’ailleurs antérieurs à 2021. La part des faits anciens (commis avant leur année d’enregistrement) est ainsi passée de 18 % en 2016 à 28 % en 2021. En matière de féminicide, en 2021, 122 femmes ont été tuées par leur partenaire, un chiffre relativement stable depuis 2016 (123 victimes). À l’exception de l’année 2020, marquée par une baisse importante, le nombre de décès au sein du couple en 2021 reste toutefois inférieur à ceux enregistrés au cours des 15 dernières années. Le nombre de victimes de violences sexuelles enregistrées se situe sur une tendance globale à la hausse, qui s’est accélérée depuis 2017 dans un contexte de libération de la parole des victimes après #metoo. Le nombre de victimes de violences sexuelles enregistrées par les services de sécurité a ainsi augmenté en 2022 (+ 11 %), après une forte hausse en 2021 (+ 33 %). Cette augmentation s’inscrit dans un contexte d’amélioration des conditions d’accueil des victimes par les services de sécurité conduisant les victimes à signaler des faits anciens de violences sexuelles. La proportion des violences sexuelles commises plus de cinq ans avant leur enregistrement augmente nettement ces dernières années, passant de 13 % en 2018 à 16 % en 2020 et 19 % en 2022. Cette part est encore plus importante pour les mineurs (19 % en 2018, 23 % en 2020 et 26 % en 2022) [16].

Les institutions françaises luttent contre les violences faites aux femmes et aux enfants. Le code de justice pénale des mineurs est adopté en février 2021. Il introduit notamment une procédure pénale en deux temps qui accélère et rend plus propice l’action judicaire et éducative à l’égard des mineurs. Un 4e plan interministériel de prévention et de lutte contre les violences faites aux femmes a également été mis en place.

Priorité 1.3 - Assurer une meilleure répartition des richesses, et systématiser la prise en compte des enjeux de pauvreté dans les politiques publiques, au service d’une transition juste

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9,2 millions de personnes sous le seuil de pauvreté

La France doit encore progresser en matière de lutte contre la pauvreté avec 9,2 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté monétaire (fixé à 60 % du revenu médian) en 2019 [17], soit 14,6 % de la population, dont la moitié vivant avec moins de 885 € par mois [18] [19]. L’objectif de la France à horizon 2030 est de réduire de 1,9 million de personnes les chiffres de pauvreté et d’exclusion.

L’impact de la pauvreté sur les conditions de vie rend compte des difficultés concrètes vécues : les 40 % les plus défavorisés peinent à accroître leur niveau de vie par rapport à la population générale. La privation matérielle et sociale concerne 13,1 % des individus en ménage en 2020, ce qui est cependant moins élevé que la moyenne européenne.

L’État a mis en place des mesures pour soutenir les plus vulnérables avec notamment la réforme du marché de travail et une politique de revalorisation du travail et de soutien au pouvoir d’achat.

La stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté présentée en septembre 2018 vise à créer une dynamique d’amélioration de l’égalité des chances. Elle comprend 35 mesures et a mobilisé 8 milliards d’euros jusqu’en 2022. Un rapport de juillet 2022 sur le suivi de cette stratégie [20] montre que quatre de ces mesures ont intégralement été mises en œuvre. Il s’agit de la revalorisation de la prime d’activité, la mise en place de la complémentaire santé solidaire (CSS), le renouvellement de la CSS pour les allocataires du revenu de solidarité active (RSA), le déploiement de 400 points conseil budget. Il faut noter toutefois que le plan avait été pensé avant la crise sanitaire et que beaucoup d’objectifs ont notamment dû être revus dans le contexte de cette-même crise.

Cette stratégie a été complétée par un arsenal de mesures d’urgence prises pour s’assurer que la crise sanitaire ne se double pas d’une crise sociale, avec des résultats à la clé. En effet, pendant la crise liée à la Covid-19, le nombre de foyers en droit de percevoir le RSA a atteint un maximum en novembre 2020, avec 2 millions de personnes (+ 8,2 % par rapport à septembre 2019) - il a diminué depuis. Sur le plan économique, la consommation des biens par les ménages a chuté énormément lors des débuts de la crise sanitaire et n’a pas, malgré une progression, retrouvé son niveau d’avant la pandémie [21]. En 2021, la dépense de consommation finale des ménages rebondissait de 5,2 % en volume après avoir connu une chute historique de 6,7 % en 2020 en raison de la crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19 [22]. Les chiffres plus récents de décembre 2022 montrent des dépenses de consommation des ménages en biens en volume qui se replient en décembre 2022 (‑ 1,3 %, après + 0,6 % en novembre). Cette baisse s’explique par la diminution de la consommation en produits alimentaires (‑ 1,7 %) et en biens fabriqués (‑ 1,7 %). La consommation en énergie des ménages augmente quant à elle de 0,7 %. Sur l’ensemble du quatrième trimestre 2022, la consommation des ménages en biens diminue de 1,9 %. Pour dynamiser la consommation et redonner du pouvoir d’achat aux ménages, l’État agit sur plusieurs fronts avec des mesures fiscales ciblées comme les 2 milliards d’euros de baisse d’impôt pour 8 millions de Français, la lutte contre la vie chère dans les outre-mer ou encore l’élargissement des critères pour le prêt à taux zéro pour favoriser l’accès au logement [23].


[3Dress, Les inégalités sociales face à la pandémie de Covid-19 : État des lieux et perspectives, 2020 : « Si le Grand Est puis l’Île-de-France sont les régions les plus touchées (carte 3), la surmortalité n’est pas homogène à une échelle infrarégionale : en Île-de-France, dans la semaine du 16 mars, l’excédent de mortalité le plus élevé est de + 51% en Seine-Saint-Denis et il atteint + 290 % dans la semaine du 30 mars, département qui connaît le plus fort excès de mortalité en France, toute semaine confondue ».

[4On parle de précarité énergétique si le poste « énergie » dépasse 8 % des revenus totaux d’un ménage.

[9Repères et références statistiques 2022, fiche 7.24. Tableau excel à télécharger.

[17Selon l’Insee, un individu (ou un ménage) est considéré comme pauvre lorsqu’il vit dans un ménage dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté. En France et en Europe, le seuil est le plus souvent fixé à 60 % du niveau de vie médian.

[18Une personne est considérée comme pauvre en France quand ses revenus mensuels sont inférieurs à 885 € ou à 1 102 €, selon que l’on utilise le seuil de pauvreté fixé à 50 % ou 60 % du niveau de vie médian. Ce niveau de vie médian correspond au montant pour lequel la moitié des personnes touche moins et l’autre moitié davantage et est mesuré après impôts et prestations sociales. Pour plus d’informations : www.insee.fr/fr/statistiques/5431755?sommaire=5435421

[19Observatoire des inégalités, Rapport sur les inégalités en France, 2020.


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