Forum politique de haut niveau 2021 - jour 3

Publié le 9 juillet 2021


À l’International

Le thème de cette édition 2021 du FPHN sera : « Une reprise durable et résiliente après la pandémie de COVID-19 qui promeut les dimensions économiques, sociales et environnementales du développement durable : construire une voie inclusive et efficace pour l’atteinte de l’Agenda 2030 dans le contexte de la décennie d’action et la réalisation du développement durable »

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Les sessions officielles


Session : les ODD 3, 10, 16, 17 et les liens entre ces objectifs et avec d’autres - Comment nous mettre sur la voie de la construction de sociétés plus pacifiques, égalitaires et inclusives

Compte-rendu :

Après l’ouverture par Mr Collen Vixen Kelapile (Botswana), Vice-président de l’ECOSOC et la présentation du rapport du Secrétaire général sur les progrès accomplis dans la réalisation des Objectifs de développement durable en discussion lors de cette session (Objectifs 3, 10, 16 et 17) par Mme Haoyi Chen, Ms Jan Beagle, Directrice générale de l’Organisation internationale de droit du développement a modéré les échanges, encore une fois très riches.

Cette discussion a montré les liens forts qui existent entre ces quatre ODD. La COVID-19 a permis de tirer la sonnette d’alarme et a imposé une nécessité d’agir aux différents gouvernements et parties prenantes. Cependant, l’ODD3 (Santé) n’a pas été leur seul à être en affecté, ont rappelé les panélistes, la période que la communauté internationale traverse est également un défi pour les ODD10 (Inégalités), 16 (Paix et justice) et 17 (Partenariats).

Il est aussi ressorti des discussions entre les panélistes les points suivants :

  • La nécessité de mobiliser des financements ;
  • L’importance de lutter contre l’exclusion à toute les échelles, entre les pays avec une égale répartition des vaccins, seul moyen efficace de lutter contre la pandémie, au sein des pays avec des groupes marginalisés ou vulnérables ;
  • La prise en compte et en considération des femmes et des filles, des enfants, des personnes autochtones ainsi que de tous les autres pans de la population qui sont particulièrement vulnérables et subissent de plein fouet la crise ;
  • Pour cela, une partie de la solution est aussi de faire disparaitre la fracture numérique qui demeure encore importante ;
  • Ainsi que l’allocation des ressources financières. Sur ce point, a été aussi relevé le besoin de lutter avec plus de fermeté contre les flux financiers illicites.

Finalement, c’est autour d’un nouveau partenariat social, plus solidaire, plus collaboratif, plus inclusif avec des services publics présents, transparents et convenablement dotés dans un État de droit que l’on pourra, collectivement se sont accordés les panélistes et intervenants, atteindre les Objectifs de développement durable.

Bettina Laville, présidente et fondatrice du Comité 21 a représenté la France lors de cette session. Le Comité 21 a été fondé après la conférence de Rio de 1992, c’est une organisation multi-acteurs soutenue par le gouvernement français. Dans l’objectif de promouvoir le développement durable et reconnaissant la nécessité d’y former les citoyens et acteurs en jeu le Comité 21 a publié un guide pour les collectivités territoriales sur les ODD. Plus récemment c’est une note portant spécifiquement sur l’ODD17 qui est paru. La participation et la collaboration sont essentielles pour l’accomplissement de l’Agenda 2030 a insisté Mme Laville. Sur l’atteinte des 19 cibles de l’ODD17, le Comité 21 œuvre.


Session : l’action au niveau local

Compte-rendu :

Cette session, animée par M. Tony F. Pipa, chercheur à la Brookings Institution, a été l’occasion de discuter du rôle de l’échelon local pour la réalisation de l’Agenda 2030 et de l’utilité des revues volontaires locales (VLR).

On retiendra surtout les interventions suivantes :

  • Mme Noraini Roslan, maire de Subang Jaya en Malaisie et M. Jan Vapaavuori, maire de Helsinki, ont présenté les VLR réalisées dans les deux villes, et ont mis en avant l’intérêt de cet outil pour développer la mobilisation locale en faveur des ODD ;
  • M. Nikolai Arstrup, ministre norvégien des Gouvernements locaux et de la Modernisation et M. Bjorn Arild Gram, Président de l’Association norvégienne des autorités locales et régionales, ont souligné l’importance des VLR pour assurer une cohérence horizontale et verticale des politiques publiques et développer des partenariats multi-niveaux pour la mise en œuvre des ODD ;
  • Mme Penny Abeywardena, déléguée aux affaires internationales de la ville de New York, a retracé l’histoire des VLR, depuis la première réalisée par sa ville en 2018, et les facteurs qui ont permis la diffusion de ce format à l’international ;
  • M. Kenji Kitahashi, maire de la ville Kitakyushu au Japon, a mis en avant l’importance des programmes d’éducation et de sensibilisation aux ODD au niveau local.

Mme Valérie Dumontet, vice-présidente du département de l’Aude et présidente du groupe ODD au sein de Cités unies France est également intervenue dans la discussion au nom de la France. Elle a plaidé pour un soutien renforcé des États afin d’accompagner les acteurs locaux dans la promotion des ODD, et pour une meilleure articulation des actions déconcentrées et décentralisées.


Analyse rédigée en partenariat avec l’Institut Open Diplomacy par Clara Beauvoir :

Selon les Nations unies, si les tendances actuelles se poursuivent, les villes accueilleront environ 70 % de la population mondiale, et produiront 85 % de la production économique mondiale d’ici 2050. Or, la pandémie de la COVID-19 n’a fait qu’ajouter des défis auxquels sont confrontées les villes et les autorités locales. Selon les premières estimations de la Banque mondiale et des Nations unies pour 2021, les administrations locales pourraient perdre en moyenne 15 à 25 % de leurs recettes cette année, les villes ayant des économies peu diversifiées étant particulièrement touchées. Les plans de résilience au niveau local et les examens locaux volontaires (VLR) peuvent aider à comprendre les défis auxquels nous faisons face. Plus encore, le panel s’accorde à dire que les VLR permettent de concevoir des politiques efficaces et ciblées pour atteindre les Objectifs de développement durable. Dans ce cadre, New-York rappelle son rôle pilote de ville internationale à l’initiative de la Déclaration sur les examens volontaires locaux, regroupant déjà plus de 215 signataires.

Les gouvernements locaux et régionaux procèdent de plus en plus à des examens infranationaux de mise en œuvre des ODD. Ces revues, modélisées d’après les revues nationales volontaires (RNV/NVR), se sont révélées utiles pour les gouvernements à différentes échelles dans leur engagement pour l’Agenda 2030 de l’ONU. Les VLR n’étant pas directement mandatées par l’ONU, il n’existe pas de format officiel pour les rapports. Toutefois, le Département des affaires économiques et sociales de l’ONU a rendu disponible un ensemble d’éléments de référence mondiaux inspirés des lignes directrices volontaires communes pour les RNV pour faciliter les échanges.

Comme l’ont rappelé les autorités locales du Conseil de l’Europe ainsi que l’Association Sud-Africaine des collectivités locales, deux-tiers des ODD seraient réalisables au niveau local. Des exemples de portails en ligne en Italieet en Allemagne (ou encore en France) comprenant des indicateurs locaux mesurent la mise en œuvre de l’Agenda 2030. Cela permet aux gouvernements locaux d’aller de l’avant sur la base de retours d’expériences.

Comme le rappelle entre autres l’Espagne, la prise en compte des gouvernances régionales et locales dans la mise en œuvre des ODD permet de tenir compte des priorités territoriales et d’intégrer des enjeux locaux. Le pays appelle ainsi les Nations unies et les gouvernements nationaux à promouvoir et renforcer le rôle et les ressources des gouvernements régionaux.

La localisation des ODD nous montre la voie à suivre pour amorcer une transition nécessaire selon la France. Des réseaux internationaux tels que « Cités et Gouvernements Locaux Unis » permettraient la construction de gouvernances locales autorisant une action puissante coordonnée avec des partenariats internationaux, pour aller du local vers le global.


Session : rétablir les conditions de progrès vers les ODD dans les pays africains, les pays les moins avancés et les pays en développement sans littoral

Compte-rendu :

Cet évènement, ouvert par la Vice-Présidente de l’ECOSOC, S.E. Mme Pascale Baeriswyl (Suisse) et modéré par M. Courtenay Rattray, Haut-Représentant pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement, a permis d’aborder les opportunités et les défis communs à ces pays, dans le contexte de la pandémie de covid-19 et de discuter des conditions nécessaires pour surmonter les impacts socio-économiques du covid-19 et s’engager sur la voie de la réalisation des ODD d’ici 2030.

Cette session s’inscrivait aussi dans la perspective de la Cinquième conférence des Nations Unies sur les PMA qui se tiendra au Qatar du 23 au 27 janvier 2022 et qui visera à adopter un nouveau programme d’action ambitieux pour les PMA. La Conférence PMA-5, attendue, a d’ailleurs été mentionnée par la plupart des participants.

Après des remarques introductives de Mme Armida Salsiah Alisjahbana, Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) sur la nécessité de mettre en place des mesures de relance ambitieux pour le développement durable (lutte contre les activités polluantes, promotion des énergies renouvelables, développement d’infrastructures vertes et résilientes, etc.), le modérateur, M. Courtenay Rattray, a procédé à un sondage en direct, auprès des participants, sur le ou les domaines qu’ils jugeaient comme prioritaires pour garantir un relèvement durable des PMA et des PDSL. Plusieurs propositions étaient formulées (accès à des énergies propres, services d’allègement de la dette, systèmes d’alerte précoce, etc.). Selon les votes des participants à la réunion, ce sont finalement des dépenses de santé publiques effectives qui ont été considérées comme la première priorité pour les PMA et les PDSL.

Dans le cadre du panel de discussion qui a suivi :

  • S.E. M. Khalifa bin Jassim Al-Kuwari, directeur général du Qatar Fund for Development, a rappelé les efforts importants fournis par le Qatar pour atténuer les effets de la pandémie et a appelé à se concentrer davantage sur la préparation et la gestion du risque, en se concentrant sur le relèvement à long terme. Il estime qu’en plus d’avoir davantage de moyens financiers, il faut aussi de meilleurs moyens de financements, avec des solutions de financement innovantes et des partenariats novateurs. Il a cité le « Lives and livelihood Fund », financé par le fonds du Qatar pour le Développement et co-créé avec la fondation Bill et Melinda Gates, comme un exemple couronné de succès.
  • Mme Sheila Oparaocha, Directrice exécutive du Réseau international ENERGIA sur le genre et l’énergie durable, s’est exprimée sur une transition énergétique pour tous, notamment les femmes.
  • M. Pa Ousman Jarju, Directeur de la Division de la programmation par pays du Fonds vert pour le climat, a expliqué le rôle du Fonds vert pour le climat pour déverrouiller les obstacles aux investissements climatiques inclusifs (recherche d’un équilibre entre les mesures d’adaptation et d’atténuation, fourniture de subventions aux pays en développement pour intégrer leurs ambitions climatiques, investissements financiers), etc.

Sont aussi intervenus : S.E. M. Eisenhower Mkaka, Ministre des affaires étrangères du Malawi et Président du Groupe des PMA, IS.E, M. Mukhtar Tleuberdi, Ministre des Affaires étrangères, République du Kazakhstan, Président du Groupe des PDSL, S.E. M. Tandi Dorji, Ministre des affaires étrangères, Bhoutan, Mme Margaret Kobia, professeur et secrétaire de Cabinet pour la fonction publique et les questions de genre, Kenya et M. Michael Lodge, Secrétaire général de l’Autorité internationale des fonds marins (ISA).

Les interventions se sont centrées sur des actions concrètes pour atteindre les ODD y compris en Afrique, dans les PIED, PMA et les PDSL. Ces actions évoquées comprennent :

  • des technologies émergentes allant de l’énergie durable à la connectivité numérique.
  • l’accès aux vaccins à tous ;
  • le renforcement des capacités de la part du gouvernement, de la société civile et du secteur privé, qui doivent travailler ensemble sur une nouvelle voie à suivre ;
  • les partenariats multi-acteurs qui permettraient de produire de meilleures structures de développement ;
  • la mise en place de systèmes de protection sociale, de santé et des systèmes alimentaires résilients et capables de s’adapter aux nouveaux défis ;
  • la nécessité d’une intégration régionale approfondie ;
  • le besoin de financements et d’accès à des mesures spécifiques (tel que l’annulation de la dette) pour soutenir les PMA et les PDSL.

La France est intervenue à la discussion pour réaffirmer la priorité accordée aux PMA dans le projet de loi de programmation relative au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales, en voie d’adoption au Parlement français. La France a rappelé que le G20 et le Club de Paris ont, dès avril 2020, adopté une initiative de suspension du service de la dette (ISSD), pour permettre à plus de 70 pays d’engager des plans de relance durable, inclusive et résiliente. Enfin, cette session a été l’occasion de mentionner le Sommet sur le financement des économies africaines, tenu à Paris le 18 mai 2021 à l’initiative du président de la République française, qui a permis de dessiner des solutions concrètes aux besoins de financement immédiats des économies africaines, notamment pour renforcer le secteur privé africain


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Les évènements parallèles :


Le rôle des partenariats entre les gouvernements et la société civile pour élaborer des politiques et des réponses en vue d’une reprise durable, inclusive et résiliente après la pandémie de COVID-19 et pour la réalisation de l’Agenda 2030, organisé par la France

La session, modérée par Mme Sandra Fernandes Chargée de mission auprès du Directeur du développement durable du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, a été ouverte par une présentation de la ministre française de la Transition Écologique Barbara Pompili. Suivie de Mr. Philippe Lacoste et Mr. Thomas Lesueur pour porter la position française. La France a ainsi partagé l’expérience de la Convention Citoyenne pour le Climat, expérience unique, et son résultat en Loi Climat et Résilience, le projet de loi sur la solidarité internationale, la nouvelle stratégie sur la philanthropie et le développement, le soutien au Global Compact – y compris son antenne française, aux associations qui portent les ODD comme le Comité 21, l’éducation au développement durable et enfin l’Alliance Pact for Impact portée par la France.

L’Ambassadrice Valentine Rugwabiza a présenté les actions nécessaires au Rwanda et en Afrique pour renforcer les liens avec la société civile et a lancé un appel à la population africaine afin de se mobiliser auprès des gouvernements pour obtenir des vaccins.

Une vidéo de M. Selwin Hart, Conseiller spécial du Secrétaire général et Sous-Secrétaire général pour l’Équipe de soutien sur les changements climatiques, a rappelé l’urgence climatique et l’opportunité à ne pas manquer de la COP de Glasgow.

Les panélistes ont notamment souligné l’importance de l’ODD17 et son rôle central dans l’atteinte des autres ODD. Les lignes saillantes qui ressortent de ces échanges sont les suivantes :

  • Pour répondre à une crise (environnementale mais pas seulement) complexe et multifactorielle, il est nécessaire d’apporter des réponses multi-acteurs qui prennent en compte cette complexité et ne la réduisent pas de telle manière qu’elle serait effacée. L’exemple de la COVID Response Alliance for Social Entrepreneurs a été présenté par le Dr Francois Bonnici.
  • S’il y a une crise démocratique, comme a relevé Mme Iara Pietricovsky, alors c’est qu’il y a un problème de confiance et une asymétrie entre les pouvoirs de la société civile et celle des gouvernements. Une des solutions a été résumée par Mrs. Béatrice Garrette, sous la phrase « pour nous, pas sans nous » utilisée par des femmes victimes de violences en République Démocratique du Congo.
  • Les entreprises font également partie de la solution. Plus généralement, le secteur privé représenté parfois par des fondations, peut agir plus efficacement s’il est épaulé par les pouvoirs publics.
  • L’ouverture des partenariats passe par l’ouverture des gouvernements. Cela peut concerner la transparence des actions ou encore la participation des citoyens plus active au processus législatif, notamment évoqué par Blair Glencorse.

Pour aller plus loin : Revoir l’événement


Analyse rédigée en partenariat avec l’Institut Open Diplomacy par Clémentine Fournier

Cet évènement parallèle, riche de nombreuses solutions concrètes et d’actions à plusieurs échelles, locales comme le Barefoot College à Zanzibar, nationales comme au Rwanda ou en France, ou générales comme avec le Global Compact, dont la directrice générale Mme Sanda Ojiambo est intervenue et a rappelé l’existence d’un projet de résolution sur le sujet. L’événement s’est conclu sur les mots de Mme Maryam Uwais, Conseillère spéciale du vice-président pour les investissements sociaux du gouvernement fédéral du Nigeria qui a présenté les différentes politiques mises en place dans cet État pour relever les nombreux défis actuels.

Cet événement a rassemblé des représentants de la France, du Rwanda et de l’ONU, ainsi qu’un panel représentant différents acteurs de la société civile. Il a permis de souligner le rôle-clé de cette dernière dans la mise en œuvre des Objectifs de développement durable (ODD) et dans l’importance de bâtir des partenariats solides et durables entre le secteur public et le reste de la société.

La session a été ouverte par un message de la ministre française de la Transition écologique, Mme Barbara Pompili, qui a rappelé une initiative française phare de consultation de la société civile : la convention citoyenne sur le climat. Cette consultation a permis à 150 citoyens français de faire des propositions concrètes pour mettre la France sur la voie d’une transition écologique. Et la vision française des partenariats pour l’Agenda 2030 ne s’arrête pas aux frontières, comme l’a souligné dans son intervention M. Philippe Lacoste, Directeur en charge du Développement Durable au Ministère des Affaires Étrangères. Ainsi, un projet de loi sur la solidarité internationale, visant à renforcer le rôle de la société civile dans les projets de développement, devrait être adoptée dans les prochaines semaines, et le Ministère des Affaires étrangères vient également de publier sa stratégie internationale sur la philanthropie et le développement, pour encourager à nouveau la collaboration et multiplier les opportunités de financement.

La France n’est pas le seul pays à avoir misé sur la collaboration avec la société civile. C’est aussi le cas du Rwanda, comme l’a mentionné Mme Valentine Rugwabiza, ambassadeur à la représentation permanente du Rwanda à l’ONU, dans son intervention. Dans le domaine de la santé par exemple, plus de 85% des soins sont maintenant dispensés de manière délocalisée, grâce à la mobilisation d’une dizaine de milliers d’acteurs de la société civile. Cette approche est le socle de la réussite du Rwanda dans ce domaine, notamment lors des épidémies de VIH et plus récemment de la COVID-19.

La deuxième partie de la session a donné la parole à divers acteurs de la société civile, qui ont tous pu donner des exemples concrets d’opportunités créées par la formation de partenariats. C’est le cas du projet Barefoot College, présenté par Mme Pendo Yaredi-Daudi, qui forme des femmes illettrées au Zanzibar pour devenir ingénieures dans le domaine de l’énergie solaire, grâce à une collaboration avec le gouvernement local qui fournit des informations précieuses sur les villages locaux et l’état du réseau électrique.


Économie circulaire et ODD, organisé par la Grèce

Évènement parallèle organisé par la Grèce, avec le soutien de la Slovénie et de l’Association internationale des déchets solides, le thème de cette discussion était la question : « Économie circulaire : l’économie du futur ? ».

Maria Theophili a animé cette table ronde, donnant d’abord la parole à la Grèce qui a introduit deux constats majeurs dans cette discussion : d’abord celui de l’augmentation catastrophique des déchets, ensuite celui de nouveaux standards de société qui se globalisent : une société mondiale, digitalisée, et disruptive. Le représentant permanent de la Grèce a également présenté le plan d’action quant à la lutte contre la pollution plastique et le développement des bonnes pratiques.

Les intervenants se sont accordés sur le constat scientifique de l’impact des activités humaines sur la planète, depuis le début de l’anthropocène (début de la première Révolution Industrielle) et en particulière depuis 1945, qui dévastent l’environnement. Des images très frappantes ont été projetées par les différents participants. L’usage des ressources naturelles, les émissions de gaz à effets de serre, l’agenda du plastique : autant d’activités qui dressent un scénario catastrophique, notre empreinte a augmenté de 40% entre 2000 et 2015. Les pays reconnaissent le besoin d’une transformation très profonde du système et la conversation du jour a montré que l’économie circulaire est une solution.

Certains panélistes ont parlé de situations très concrètes, de manières de donner une nouvelle vie au plastique, par exemple grâce au projet de Lefteris Arapakis, lauréat du prix de jeune champion de l’UNEP, dont l’entreprise récupère et recycle 4000kg de plastique marin chaque semaine. Des études ont également été mentionnées sur les impacts de l’industrie du textile, de l’usage du plastique dans l’agriculture, sur l’opportunité de s’associer avec les producteurs locaux. Des exemples d’initiatives urbaines, de villes circulaires ont été donnés, témoignant d’une vraie transition vers la circularité. Au cœur de la discussion, le rôle de l’industrie du déchet a été évoqué, pourtant difficile à intégrer dans l’économie circulaire tant qu’il ne devient une ressource pleinement intégrée dans le circuit.

Les intervenants ont enfin discuté de la gouvernance : la transition a une empreinte sociale et doit inclure tout le monde. Si les producteurs vont devoir développer de nouvelles compétences, cela représente aussi de nouvelles opportunités pour eux. Lorenzo Marini, ambassadeur de l’Italie, co-sponsor de l’événement, a demandé comment les gouvernements nationaux et locaux pouvaient aider les consommateurs et les producteurs au développement de l’économie circulaire, ce à quoi l’entrepreneur Igor Kos, consultant à WCYCLE, Institut de la ville de Maribor, a répondu en donnant l’exemple de la ville d’Oslo qui a intégré une condition d’empreinte dans tous ses contrats.

Elisa Tonda, directrice de la production et consommation à la division économique de l’UNEP, a conclu la discussion en rappelant que l’économie circulaire est une transformation profonde qui requiert un engagement de toute la société, des gouvernants, des consommateurs, des scientifiques pour guider, des institutions financières pour accélérer. Il faut changer rapidement et montrer l’exemple par des expériences concrètes.


Analyse rédigée en partenariat avec l’Institut Open Diplomacypar Clara Beauvoir

L’utilisation non durable des ressources naturelles a un impact fort sur notre environnement. Pourtant, l’accélération de notre rythme de consommation se poursuit, et reste insoutenable pour la planète. Le nouveau modèle d’économie circulaire vise à permettre à la planète de respirer, sans laisser personne de côté. En dissociant la croissance économique de l’utilisation des ressources, en établissant des normes mondiales en matière de durabilité des produits, et en encourageant la réutilisation des matériaux, l’économie circulaire pourrait être le seul modèle économique durable pour l’avenir.

L’interconnexion entre l’Objectif de développement durable (ODD) 12 et l’ODD14 est indispensable pour réduire considérablement notre pollution plastique et trouver des moyens innovants de la gérer. Un système d’économie circulaire peut permettre d’optimiser et de réinventer notre système productif actuel non viable. Le panel, composé de spécialistes en économie circulaire, notamment en gestion des déchets, nous présente la possibilité d’une économie circulaire au travers des exemples dans :

  • le textile, avec la réutilisation de déchets, notamment océaniques pour fabriquer vêtements et chaussures ;
  • l’agriculture, avec l’initiative européenne PAPILLON sur la durabilité écologique et socio-économique des plastiques agricoles ;
  • la nourriture, avec l’initiative grecque Wise Greece qui vend des produits grecs à l’international en partenariat avec des petits producteurs locaux et fournit de la nourriture aux sans-abri, tout en soutenant les plus démunis.

L’initiative multi-récompensée Enaleia nous présente également comment former et faire participer les populations locales, et notamment les pêcheurs, à des pratiques durables telles que la récupération des déchets dans les océans. Il est important de se coordonner à différentes échelles afin de définir des politiques globales permettant une direction politique internationale d’économie circulaire. Le rôle du secteur privé doit alors augmenter, à la fois pour permettre le financement de la transition de notre système, et pour étendre des bonnes pratiques. Il n’existe pas qu’une seule façon de faire de l’économie circulaire. Il s’agit d’un ensemble d’actions et de politiques conjointes qui doivent être mises en œuvre à travers des partenariats locaux et régionaux, pour influencer ensuite les gouvernances internationales.

La reconnaissance des bonnes pratiques de l’économie circulaire doit donc être partagée et permettre une réflexion globale sur le changement de notre système économique mondial. Une grande transition multisectorielle et multi-partenariale est en cours, et chaque acteur a un rôle déterminant à prendre en compte.


Visualiser les ODD dans les villes, organisé par United cities and local governments

Analyse rédigée en partenariat avec l’Institut Open Diplomacy par Jade Plancke

La session « Visualiser les ODD dans les villes » a été organisée afin de présenter les conclusions tirées de l’édition 2020 du forum Venice City Solutions. Ce dernier a pour but d’apporter aux gouvernements locaux, des outils pour intégrer les Objectifs de développement durable dans les villes.

Le panéliste Petr Suska, chef d’équipe de l’innovation en économie urbaine à l’Institut Fraunhofer, a débuté la session avec la question suivante : Comment peut-on relier les ODD à un territoire ? L’intervenant a souligné l’importance de prioriser quatre points afin d’atteindre les ODD : la résilience, l’habitabilité, l’innovation et le leadership, et la réduction des émissions CO2. Il a ensuite évoqué l’importance d’encourager et d’inspirer les individus à adopter des comportements plus responsables. Cela peut se faire par le biais d’applications traçant l’empreinte CO2 des individus ou de visuels encourageant les individus à adopter une attitude responsable. Remy Sietchiping, chef de la section politique, législation et gouvernance chez UN-Habitat, a ensuite souligné l’importance de planifier l’aménagement urbain en prenant en compte les inégalités socio-économiques dans les villes. Gift Ntuli, chef d’expérimentation au sein du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), au Zimbabwe, a rappelé l’interdépendance des différents ODD. Par exemple, au Zimbabwe le réchauffement climatique est à l’origine des sécheresses favorisant la malnutrition en ville. Il a ainsi rappelé qu’il était important d’allouer des ressources financières pour tous les ODD.

Pendant cette session, le réseau United Cities and Local Governments (UCLG) a présenté sa nouvelle initiative, les Local4Action HUBs. Ceux-ci sont un moyen de se rapprocher des défis, des aspirations et des initiatives locales. Ils permettront d’être plus proche de la population locale et d’inclure toutes les parties prenantes qui contribuent à la transformation vers davantage de durabilité. Enfin, les panélistes ont souligné l’importance d’être créatifs afin de créer de nouveaux types de partenariats. Il est, pour cela, important de prendre en compte tous les acteurs de la ville afin d’atteindre les ODD.


La technologie nucléaire au service du développement à la suite de la pandémie de la COVID-19, organisé par l’Agence internationale de l’énergie atomique

Analyse rédigée en partenariat avec l’Institut Open Diplomacy par Bastien Beauducel

La crise de la COVID-19 représente paradoxalement aujourd’hui une opportunité pour reconstruire des économies résilientes et plus soutenables. La technologie nucléaire peut être un moyen pour réaliser cette fin dans de multiples domaines : la santé, la production d’électricité, la gestion de la ressource en eau mais aussi l’agriculture. Ces deux derniers thèmes ont particulièrement été développés lors de ce panel.

Dans le domaine agricole, la technologie nucléaire peut, d’une part, contribuer à assurer la sécurité alimentaire, en améliorant la qualité des produits par une détection des risques chimiques dans les aliments comme c’est le cas en Algérie et au Burkina-Faso. D’autre part, la technologie nucléaire peut aussi permettre d’améliorer la productivité agricole et le niveau de vie des agriculteurs en augmentant la quantité de céréales produites. La professeure Gomez-Pando, professeure principale et cheffe du Programme national de recherche sur les céréales et les graines indigènes à l’Université agraire nationale de la Molina au Pérou, a mis en avant le rôle de la technique de sélection par irradiation pour sélectionner des céréales pouvant être cultivées dans des endroits peu propices comme les montagnes andines au Pérou, à plus de 3 500 mètres d’altitude. De même, le professeur Shyful Rahman, agronome à Nuklear Malaysia a expliqué qu’en Asie du Sud-Est, les sciences nucléaires ont permis de tripler la production de riz au cours des dernières décennies malgré les conséquences du changement climatique.

Le nucléaire a aussi un rôle à jouer dans la préservation des ressources en eau. En effet, l’hydrologie isotopique permet d’extraire de chaque goutte d’eau une empreinte particulière pour retracer son parcours tout au long de son cycle hydrologique. Les scientifiques utilisent des isotopes naturels comme traceurs pour déterminer d’où provient l’eau et comment elle se déplace. Alors que les eaux souterraines sont l’élément le moins bien compris du cycle hydrologique, ces données permettent de construire des plans de gestion durable de la ressource naturelle au niveau local, en priorisant les ressources à utiliser. Ils permettent aussi de prévenir de potentiels conflits interétatiques car des fleuves passant par différents États peuvent être la cause de potentielles hostilités internationales, à l’image de la situation des pays bordant le Nil.

Enfin, sur la méthode, la collaboration entre les États et la société civile comme condition nécessaire du succès des projets mis en œuvre a été unanimement promue comme bonne pratique essentielle. A titre d’exemple, la professeure Gomez-Pando a noté le fort investissement des agriculteurs péruviens dans ces projets. Cet investissement est lié d’une part à la pédagogie des pouvoirs publics sur ces innovations, et d’autre part aux résultats de ces dernières permettant in fine une amélioration des conditions de vie des agriculteurs et par extension le développement économique de toute la région.


Les actions d’accélération des ODD, organisé par le Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies (UNDESA)

Cet évènement met en lumière de nouvelles actions d’accélération des Objectifs de développement durable (ODD). L’objectif est de susciter plus d’ambition et d’engagements de la part des gouvernements. Dans le but de recueillir des informations sur les nouveaux efforts déployés, le Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies (DAES), à l’origine de cet échange, a créé une plateforme d’action d’accélération des ODD en ligne. Elle regroupe déjà plus de 300 initiatives du monde entier. Cette plateforme est donc largement utilisée, notamment durant ce Forum politique de haut niveau des Nations Unies sur le développement durable (HLPF).

Partager des expériences et informations utiles pour l’accélération des ODD est essentiel pour que tous les acteurs agissent efficacement. Cela ne peut se faire qu’à travers un échange constant et éclairé entre un ensemble d’acteurs (gouvernements, petites et grandes entreprises privées, société civile, chercheurs etc.) et à plusieurs échelles (locales, nationales, régionales et internationales). La coopération doit se généraliser et permettre un transfert des technologies et de l’information pour accélérer les ODD. Le gouvernement de Madagascar présente ainsi sa stratégie de promotion des ODD à travers des échanges professionnels entre ses villes et zones excentrées, avec l’exemple du secteur de l’architecture.

La région Amérique latine et Caraïbes a fortement souffert de la pandémie de la COVID-19. C’est pourquoi la Commission économique pour l’Amérique latine rappelle l’importance d’identifier des priorités d’actions au sein des ODD. Elle met aussi l’accent sur la place des partenariats dans l’ensemble des secteurs socio-économiques pour permettre une relance générale, verte et durable, avec une attention particulière aux plus vulnérables tels que les migrants. Le Panama a par exemple fait part du volontarisme de sa population, ce qui a permis d’accroître les capacités agricoles du pays pour supporter la crise, tout en organisant des distributions alimentaires et de médicaments. Les petites structures agricoles ont donc un rôle essentiel dans l’accélération de l’atteinte des ODD.

Enfin, l’Égypte a remis pour la 3ème fois, aux côtés de 9 autres pays, une revue nationale volontaire (VNR) 2021, afin de présenter ses avancées en termes d’accélération de l’atteinte des ODD au HLPF. À la suite du lancement de la stratégie nationale de développement durable "Egypt vision 2030", sa deuxième VNR (2018) a témoigné de la mise en œuvre réussie du programme de stabilisation et de réforme économiques. Sa VNR 2021 partage, quant à elle, avec la communauté internationale, les efforts de l’Égypte pour jeter les bases d’une économie plus résiliente, capable de résister à des chocs imprévus comme la pandémie de la COVID-19.


Le journal de bord est réalisé par différents acteurs et les propos n’engagent pas le Gouvernement français.
Certaines analyses sont rédigées en partenariat avec l’Institut Open Diplomacy.

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